Louis Michel et le Brexit: la Grande-Bretagne se montre ingrate et cynique

"Ceux qui ne veulent plus du modèle européen, doivent sortir."

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Ancien Commissaire et député européen, Louis Michel a le profil de l’"Européen convaincu". Et comme Paul Magnette, il refuse de retenir, à tout prix, une Grande-Bretagne qui "instrumentalise l’Europe" pour régler ses problèmes internes. Non, décidément, le peuple d’Albion n’est pas indispensable au projet européen de Louis Michel. Pour l’élu libéral, la solution passe par un "plan B": la création d’un noyau européen dur constitué à partir des pays de la zone euro. Un langage bien peu diplomatique.

A la sortie de Paul Magnette, mercredi dans Matin Première, disant à Cameron que s’il n’est pas heureux dans l’union, il n’a qu’à en sortir, le libéral Louis Michel applaudit des deux mains: "On ne peut qu’être d’accord ". Selon lui, la Grande-Bretagne ne peut pas retirer tous les avantages -qui lui ont d’ailleurs permis de sortir de ses problèmes- et se montrer ensuite ingrate et cynique. L’ancien Commissaire européen n’a pas peur d’utiliser des phrases fortes: "Cameron prend l’idée même d’Union européenne en otage. Et moi je suis choqué. Ceux qui ne veulent plus du modèle européen et des valeurs européennes, doivent sortir ou ne pas freiner ceux qui veulent plus d’intégration européenne".

"Nous savons tous que les grands défis (migration, terrorisme, climat…) ne peuvent être résolus qu’avec plus d’Europe." Il accuse nommément David Cameron, Premier ministre britannique, de "savoir très bien" que sortir de l’Europe serait plus dommageable pour lui que pour les membres de l’Union: "On instrumentalise l’Europe à des fins électoralistes internes et cela ne peut plus se poursuivre."

"On a déjà lâché "

A-t-on fait des cadeaux à Cameron durant les discussions pour éviter le Brexit ? "On a déjà lâché" en acceptant de négocier avec la Grande-Bretagne, regrette l’ancien commissaire : "Il y a des choses acceptables qui peuvent rencontrer la satisfaction des autres Etats membres. Mais pas sur l’essentiel.

L’indispensable plan B

Pour Louis Michel, et contrairement à ce que répète le président de la Commission Jean-Claude Junker depuis quelques jours, un plan B "est plus que nécessaire. Il faut que les membres de l'Union se comptent et que l’on sache qui veut plus d’Europe, d’une agence de renseignement européenne, de l’européanisation de la politique d’asile, de la défense européenne… Il faut que tous ceux qui veulent ça puissent avancer."  La base de cette avant-garde européenne pourrait être composée des membres fondateurs de l’Europe. "Si l’on posait la question de confiance existentielle, on réunirait peut-être les pays de l’Euro-zone."

Si c’est "Non", la Grande-Bretagne n’aura pas de seconde chance

Et si le Brexit se produit, insiste le député européen, les accords engrangés durant les négociations n’auront plus d’effet. "Si la Grande-Bretagne vote non, les négociations doivent être terminées. Accepter le principe de renégociation, ce serait envoyer un signal catastrophiques aux autres Etats. L’Europe ne peut plus survivre avec le chantage de l’un ou l’autre Etat en fonctions de ses malaises internes ".

Car pour Louis Michel, David Cameron n’est pas mobilisé par l’Europe, mais par un problème interne: la pression de partis xénophobes, et singulièrement l’Ukip de Nigel de Farage. "Farage n’est pas un eurosceptique, mais un eurodestructeur. Ce sont des nationalistes vulgaires. Cameron court après eux et on ne peut pas accepter cela."

Aux yeux de Louis Michel, la sortie de la Grande-Bretagne serait d’ailleurs moins un coup dur pour l’Europe que pour Albion. "Les responsables britanniques le savent. Plutôt que de continuer à être leur otage, comme on le fait maintenant, il vaut mieux continuer sans eux."

 

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Attitude belge : isolée ou en pointe?

Face à la position compréhensive d’Angela Merkel et plus attentiste de François Hollande, le message porté par la Belgique est le plus européen. "Nous sommes en pointe, on a toujours été pour plus d’Europe. Les institutions ne sont pas à Bruxelles par hasard. Je suis très fier de l’attitude de la Belgique qui dit: 'si vous faites le Brexit, tous les accords tombent'. Les accords ne valent que s’il n’y a pas de Brexit". Et Louis Michel l'assure: "La N-VA n’a pas influencé la proposition de la Belgique. On impute à la N-VA tous les maux, mais ce n’est pas ça que je vois pour le moment."

Des pays entrés dans l’Union pour des raisons financières

Le Conseil qui se tient à Bruxelles a un second fer au feu: les réfugiés. Jeudi, les discussions ont été très tendues avec l’Autriche qui instaure des quotas de 80 personnes acceptées par jours. Cela aussi, pour Louis Michel est une attitude choquante: "Sur le plan humain mais aussi parce que c’est en contravention avec les traités. Et tout cela est la conséquence de cette course aux intérêts sordides des Etats-nations. Ce sont des messages qui font plaisir à des citoyens peu généreux envers les autres."

La crainte est grande, pour Louis Michel de voir ainsi les valeurs fondatrices de l’Europe se déliter alors que la Pologne, et même le Danemark, avancent aussi des revendications particulières: "Ça fait beaucoup car ce qui était exceptionnel est devenu la règle. On charge l’Europe de tous les maux. Les nouveaux pays sont (re)venus en Europe pour des raisons plus financières et intéressées que pour des raisons politiques nobles. Et se tournent plus volontiers vers les Etats-Unis plutôt que de pratiquer la préférence européenne."

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