Guerre en Ukraine

L’Otan active ses plans de défense, mais n’interviendra pas en Ukraine

© RTBF / Amélie RENDU

L’invasion russe en Ukraine a déclenché une réaction rapide de l’Otan : "Nous avons en Europe une guerre à une échelle et d’un type que l’on pensait appartenir à l’histoire", a déploré le secrétaire général Jens Stoltenberg. L’Alliance atlantique a immédiatement activé ses plans de défense pour renforcer la défense de son flanc est. Les dirigeants tiendront un sommet en visioconférence ce vendredi.

Le comité atlantique s’est déjà réuni à Bruxelles au niveau des ambassadeurs ce jeudi matin, à la demande de la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Lituanie, l’Estonie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie. Ces pays ont fait appel à l’article 4 du traité de l’Alliance, qui prévoit des consultations en cas de menace sur l’un des membres.

Demande de protection renforcée

L’offensive russe ravive fortement l’inquiétude de ces pays proches de la Russie qui ont quitté le bloc soviétique il y a 30 ans. Ils ont depuis adhéré à l’Alliance atlantique, et lui demandent une protection renforcée face à l’agressivité de leur encombrant voisin.

L’Alliance a condamné dans les termes les plus forts l’agression russe contre l’Ukraine. Jens Stoltenberg a dit soutenir pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi que son droit à l’autodéfense. Mais l’Alliance n’interviendra pas militairement en Ukraine, qui n’est pas membre de l’OTAN.

"Forces robustes et prêtes au combat"

L’agression russe concrétise les pires craintes formulées depuis que la Russie s’était emparée de la Crimée en 2008, et a soutenu le séparatisme du Donbass. Depuis ces événements, l’Otan s’est lancée dans une stratégie de renforcement de son flanc est.

Des groupements tactiques sont positionnés depuis 2017 en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. Ils sont constitués "de forces robustes et prêtes au combat", précise l’Otan. Fournies par plusieurs pays alliés, elles sont placées sous le commandement d’un quartier général de l’Otan basé en Pologne.

De son côté, la Roumanie bénéficie d’une "présence avancée adaptée" de l’Otan sur son territoire, forte de 4000 soldats. Avec la crise ukrainienne, décision a été prise d’y installer également un groupement tactique, dont la mise en place prendra un certain temps. Depuis 2018, l’Otan a également décidé d’accroître sa présence dans la région de la mer Noire, à terre, en mer et dans les airs.

Mouvements tactiques américains

Ces dernières semaines, les États-Unis avaient déjà adapté leur dispositif militaire en Europe dans la perspective d’une agression russe. Quelque 8500 militaires ont été placés en état d’alerte fin janvier. Début février, 3000 hommes ont été envoyés en Europe de l’Est. Il s’agissait déjà de renforcer le flanc oriental de l’Alliance atlantique et de rassurer les pays qui craignent un élargissement à leur territoire d’une éventuelle invasion russe de l’Ukraine. "Ces forces ne vont pas se battre en Ukraine", qui n’appartient pas à l’Otan, a souligné le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.

Et ces derniers jours, d’autres forces militaires américaines ont également été déplacées pour renforcer le flanc est. Quelque 800 hommes stationnés en Italie sont repositionnés dans les pays baltes, avec des hélicoptères d’attaque. D’autres hélicoptères sont déplacés de Grèce vers la Pologne. Et des avions de chasse F-35 quittent l’Allemagne "vers le flanc est". Il s’agit pour Washington "de rassurer nos alliés de l’Otan et de dissuader toute agression éventuelle".

Des soldats américains débarquent d’un avion de transport dans le sud de la Pologne, le 16 février, pour participer à la protection du flanc est de l’Otan.
Des soldats américains débarquent d’un avion de transport dans le sud de la Pologne, le 16 février, pour participer à la protection du flanc est de l’Otan. © Wojtek RADWANSKI / AFP

Défendre le territoire de l’Otan

Au total, les États-Unis disposent actuellement de quelque 90.000 hommes de troupe en Europe. Ils sont souvent installés dans des bases propres, distinctes de celles de l’Otan, entre autres en Roumanie. Le déplacement des troupes n’a pas pour objectif de déclencher une guerre contre la Russie avait souligné la Maison blanche, mais de défendre le territoire de l’Otan.

Malgré ces déploiements, la présence alliée sur le flanc est reste bien plus modeste que la mobilisation russe aux portes de l’Ukraine, avait souligné la Roumanie début février.

"Toutes les mesures prises par l’OTAN sont et resteront défensives, proportionnées et conformes aux engagements pris au niveau international", précise l’Alliance atlantique. Son principe de base reste la solidarité défensive de ses membres : une attaque contre l’un d’eux est considérée comme une attaque contre tous (article 5 du traité de l’Otan).

Finlande et Suède : le débat relancé

L’agression russe relance dans le même temps le débat dans deux pays éligibles à une adhésion, mais qui sont restés hors de l’Otan jusqu’aujourd’hui : la Finlande et la Suède. Géographiquement proches de la Russie, ils ont condamné l’attaque contre l’Ukraine, mais leurs gouvernements sociaux-démocrates ont jusqu’à présent fermé la porte à une éventuelle candidature d’adhésion. La Finlande et la Suède participent en revanche à des manœuvres dans la mer Baltique coordonnées par le Royaume-Uni dans le cadre de la Joint Expeditionary Force, une structure qui se veut complémentaire à l’Otan.

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