Le conseil OTAN-Russie se réunit ce mercredi à Bruxelles. Au menu des discussions : toujours la crise ukrainienne. C’est seulement une étape dans le processus diplomatique lancé entre les Etats-Unis et la Russie en début de semaine à Genève et qui se poursuit jeudi à Vienne sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
Le but : désamorcer le risque d’un nouveau conflit en Ukraine. Moscou a massé des troupes à la frontière ukrainienne laissant craindre une invasion. Les Russes cherchent à faire pression sur les Occidentaux et exigent des garanties concrètes que Kiev ne rejoindra jamais l’Alliance atlantique. La Russie veut aussi une démilitarisation de l’Europe, elle souhaite voir partir les troupes américaines stationnées en Pologne, dans les pays baltes ou en Roumanie. Des demandes inacceptables à l’Ouest.
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Pour l’instant, chacun campe sur ses positions, comme on l’a vu à Genève. Le nœud du problème semble bien être la promesse d’adhésion de l’Ukraine à l'OTAN. Pour Moscou, c’est la ligne rouge à ne pas franchir.
Du côté de l’Alliance, la situation est moins claire. L’Ukraine a reçu une vague promesse d’entrer dans le club atlantique en 2008 mais piétine depuis dans son antichambre. Pareil pour la Géorgie, autre république ex-soviétique. Et rien n’indique que ces processus d’adhésion puissent subir un coup d’accélérateur.
Une promesse non écrite en 1990 : pas d'OTAN aux portes de la Russie
Cela, les dirigeants russes le savent très bien. Eux, s’appuient sur une autre promesse, tout aussi vague et de plus non écrite, qui remonte à l’éclatement de l’URSS. Une promesse de l'OTAN à la Russie de non-extension à l’Est après la chute du Mur de Berlin.
Vladimir Poutine y fait référence dans son discours à la conférence sur la sécurité à Munich en 2007 : "Nous avons le droit de poser la question : contre qui cette expansion [de l'OTAN] est-elle dirigée ? Et qu’est-il advenu des assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du pacte de Varsovie ?" Un argumentaire qui a déjà servi au Kremlin à justifier l’annexion de la Crimée en 2014.
En France, le narratif du président russe est repris par Jean-Luc Mélenchon qui affirme en décembre dernier sur France24 : "Il faut bien que nous nous rendions compte que nous avons manqué de parole aux Russes. On leur avait dit : 'Si vous laissez tomber le mur [de Berlin], nous, on n’ira pas mettre l'OTAN à leur porte'. Bon, ils ont laissé tomber le mur, et qu’est-ce qu’on a fait : on a mis l’OTAN à leur porte." Une affirmation endossée ensuite par Eric Zemmour qui rejoint Mélenchon sur sa volonté de quitter l'OTAN.
Alors des promesses de non-extension de l'OTAN à l’Est ont-elles été faites vers 1990 ? Le débat est ancien.
Dès 1998, la question se pose avec l’entrée de la République tchèque dans l’Alliance. Selon les témoignages recueillis auprès des dirigeants de l’époque impliqués dans les négociations entre l’Allemagne de l’Ouest, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’URSS au sujet de la réunification de l’Allemagne, personne n’a jamais promis quoi que ce soit par écrit. Par contre cette promesse apparait dans une série de mémorandums, notes de travail compilés en 2017 par le site National Security Archive. Le secrétaire d'Etat américain James Baker emploie notamment l'expression "not one inch eastward", "pas un cm de plus vers l'est" face à Mikhaïl Gorbatchev. D'autres documents de travail américains, britanniques, allemands, français et bien sûr russes font état de discussions sur l'extension de l'Otan vers l'est. Mais ce sont des documents écrits qui évoquent une promesse orale, par une promesse écrite...