"L’indexation automatique des salaires, c’est magnifique mais il va y avoir des licenciements", estime David Clarinval

Pour le secrétaire d’État pour la relance et les investissements stratégiques, Thomas Dermine (PS), Thierry Bodson a raison, ce qui ne remet pas en cause l’utilité de l’indexation automatique des salaires. Les mesures d’aides aux entreprises ont été mal ciblées et il est normal que les plus larges épaules contribuent en temps de crise.

Pour l’administrateur délégué de la FEB Pieter Timmermans toutefois, aider toutes les entreprises, y compris celles qui ont de beaux revenus, et indexer tous les travailleurs est cohérent. "Premièrement, le cadre général oblige toutes les entreprises à payer plus de 10% d’indexation à partir du mois de janvier même si ce n’est pas possible. Je veux bien débattre de ce cadre", affirme-t-il. "Ensuite, une indexation automatique des salaires ne pose pas de problème pour l’économie si l’inflation est de 2%, mais ça l’est si l’inflation est de 10-12%. Ces 18 derniers mois, les salaires ont été indexés de plus de 18%. Chez nos voisins qui produisent les mêmes produits de la même façon, les salaires ont augmenté d’environ 12% pour les mêmes produits. Donc, ce qui se passe, c’est que nos entreprises qui produisent le même produit avec la même qualité qu’en France, qu’aux Pays-Bas et qu’en Allemagne avec la même qualité sont environ 10-12% plus cher."

Résultat, les entreprises se retrouveraient lésées sur le marché international. Ajoutez à cela le fait de contribuer plus à l’effort en temps de crise et donc le retarder les investissements et vous jouerez avec la vie des grosses entreprises et avec l’emploi de leurs travailleurs, estiment l’administrateur délégué et le vice-Premier ministre en charge des PME et des indépendants, David Clarinval (MR). "Les grosses entreprises telles qu’Engie et Total paieront bien plus d’impôts et seront taxées à hauteur de 4 milliards de surprofits", indique David Clarinval. "Mais combien d’emplois voulez-vous perdre en Belgique ? L’indexation automatique des salaires, c’est magnifique pour le pouvoir d’achat, mais il va y avoir des licenciements et des faillites parce que les entreprises ne seront plus compétitives. Pour éviter cela, nous ne donnons pas de prime mais diminuons les cotisations sociales. Ça ne représente à peine 1/5ème de ce qu’on leur demandera en plus et cela permettra de sauver des milliers d’emplois."

Pendant ce temps, les petits commerçants réfléchissent à des moyens de survivre, rappelle Jean-Luc Vasseur, président de la société royale "Le commerce liégeois". "Je suis honteux de ce que j’entends. Il y a une multitude de petits commerçants qui meurent à Liège, qui sont impactés par les travaux sur le tram et les inondations de l’an dernier. J’en pleurerais tous les jours et quand je vois des gens qui peuvent pleurer parce que Total ne peut pas augmenter salaire de salariés de 15% pour aller les dépenser dans une économie locale, je suis scandalisé."