Quiconque a la chance de rencontrer Madame Leignel sera charmé par ses yeux pétillants et son sourire affectueux, toujours souligné de rouge à lèvres. Un détail pour certains mais pour Madame Leignel cela compte beaucoup. Son allure coquette et son visage empli de bienveillance contrastent avec l’horreur de ce qu’elle a vécu.
Madame Leignel, du nom de son époux, s’appelle en réalité Lili Keller Rosenberg. Elle aura 90 ans d’ici quelques mois. Les premières années de sa vie, elle les a passées à Roubaix dans une famille aimante. Ses parents, juifs hongrois, sont venus s’installer en France avant sa naissance pour échapper aux persécutions antisémites subies dans leur pays d’origine. Quelques années plus tard, la domination nazie n’a plus de frontières. Le 27 octobre 1943, Lili alors âgée de 11 ans, ses deux petits frères et ses parents sont emmenés de force en pleine nuit par les soldats allemands.
Après un bref passage par la prison de Saint-Gilles et la Kazerne Dossin en Belgique, la famille est séparée à jamais. Le père de Lili est envoyé au camp de concentration pour hommes de Buchenwald. Lili, sa mère et ses frères découvriront l’effroi des camps de concentration de Ravensbrück, puis de Bergen-Belsen.
La vie de Lili Keller Rosenberg est à découvrir dans ce témoignage rare. Elle est l’une des dernières rescapées de la Shoah. Depuis quelques années, elle consacre sa vie à sa mission de "passeuse de mémoire". Chaque année, l’infatigable Lili témoignage de son histoire auprès de milliers de jeunes dans les écoles pour éviter que l’inhumanité de ce qu’elle a vécu ne se reproduise.