Souvenez-vous le 19 mars 2011, le président français Nicolas Sarkozy adoptait un ton de circonstance. "Aujourd’hui, nous intervenons en Libye sur mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, contre la folie meurtrière d’un régime, qui, en assassinant son propre peuple a perdu toute légitimité."
Depuis, le Colonel Kadhafi est mort, et la Libye a sombré dans le chaos. "Je m’en veux d’avoir fait la révolution, nous devions bâtir une démocratie. J’ai contribué à faire plonger mon pays dans la guerre civile". Ce sont les mots d’un Libyen âgé d’une trentaine d’années rencontré à Tripoli. Comme la plupart de ses concitoyens, il est atterré par ce qui s’est produit cette dernière décennie. Il exécrait le colonel Kadhafi. Mais à choisir entre la dictature et la guerre civile, il regrette d’avoir contribué à la chute du régime.
Un véritable Far West
Aujourd’hui ce sont des groupes armés – des centaines – qui se disputent désormais le contrôle du pays et tentent de mettre la main sur ses richesses. Le pétrole, le gaz, mais aussi tous les trafics : d’armes, d’essence, de drogue, de migrants. La Libye n’a plus ni armée ni police. Les gouvernements qui se succèdent depuis la révolution n’ont pas d’autres choix que de s’appuyer sur ces milices pour exercer un semblant d’autorité. Elles peuvent compter quelques dizaines ou quelques milliers d’hommes. Conséquence, ce pays à 350 kilomètres des côtes européennes s’est transformé en véritable Far West. Et les civils libyens subissent.