Liberté de la presse : nombre record de pays en "situation très grave", la Belgique recule de 12 places

© Getty Images

Par Belga

Vingt-huit pays, soit une nombre record, sont en situation très grave en termes de liberté de la presse, révèle la 20e édition du Classement mondial de la liberté de la presse, publié mardi par Reporters sans frontières (RSF).

Au total, 12 pays passent dans la liste rouge du classement, dont le Bélarus (153e) et la Russie (155e). Depuis le coup d'Etat de février 2021, la Birmanie (176e) figure même aux côtés de la Corée du Nord (180e), de l'Érythrée (179e), de l'Iran (178e), du Turkménistan (177e) et de la Chine (175e). La situation "a brutalement ramené la situation des journalistes dix ans en arrière", dénonce RSF.

Chaos informationnel

Le classement, qui évalue les conditions d'exercice du journalisme dans 180 pays et territoire, met aussi en exergue le "chaos informationnel" actuel, soit "un espace numérique globalisé et dérégulé, qui favorise les fausses informations et la propagande". En résulte une double polarisation, entre médias et entre Etats, qui intensifie les tensions.

Dans les sociétés démocratiques, les médias d'opinion conçus sur le modèle de Fox News renforcent les clivages, comme aux Etats-Unis (42e) ou en France (26e). "La fox-newsisation' des médias est un danger funeste pour les démocraties, car elle sape les bases de la concorde civile et d'un débat public tolérant", commente le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. L'organisation pointe également la stratégie de "repolonisation" des médias privés en Pologne (66e).

Dans les pays autoritaires, "la mise en place d'un armement médiatique (...) annihile le droit à l'information de leurs citoyens, mais il est aussi le corollaire de la montée des tensions sur le plan international, qui peuvent mener aux pires guerres", ajoute Christophe Deloire.

La liberté de la presse minée par les guerres

Une illustration du phénomène est l'invasion de l'Ukraine (106e) par la Russie (155e), "préparée par une guerre de la propagande". 

La Chine, elle, "a utilisé son arsenal législatif pour confiner sa population et la couper du reste du monde, et particulièrement celle de Hong Kong (148e), qui dévisse significativement dans le classement"

Tandis qu'au Moyen-Orient, le manque de liberté de la presse continue d'avoir un impact sur le conflit entre Israël (86e), la Palestine (170e) et les pays arabes.

La Belgique dégringole

La situation est jugée bonne dans seulement huit pays sur les 180 et plutôt bonne dans 40 pays, dont la Belgique (23e). Notre pays a reculé de 12 place, il était à la 11ème position l'année dernière.

Norvège, Danemark et Suède constituent le trio de tête. Deux pays se distinguent par ailleurs depuis leur changement de gouvernement: la Moldavie (40e) et la Bulgarie (91e). Pour ces pays naît "un espoir d'une amélioration de la situation des journalistes, même si les médias y sont encore essentiellement détenus ou contrôlés par des oligarques".

Pour le secrétaire général de RSF, il est urgent de promouvoir "un New Deal pour le journalisme", et d'adopter "un cadre légal adapté, avec notamment un système de protection des espaces informationnels démocratiques".

Le 3 mai marque la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Sur le même sujet : archive du JT du 03/05/2020

La liberté de la presse dans le monde

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