Assis sur un lit, la tête bien couverte par un masque et un bonnet pour ne pas qu’on le reconnaisse, Ibrahim (prénom d'emprunt) raconte. Il est passeur et évacue clandestinement des Libanais vers Chypre ou l’Italie. Il débute cette activité en 2019 lorsqu’il évacue une famille de cinq personnes résidant aujourd’hui en Allemagne.
"Avant, nous devions chercher des clients, mais maintenant les gens accourent vers nous", observe-t-il. Désespérés, les Libanais sont prêts à tout. "Ils sont prêts à vendre leur maison, à vendre leur voiture, à tout vendre juste pour s’en sortir."
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En trois ans, cet ancien chauffeur de car scolaire affirme avoir fait passer une centaine de personnes hors du Liban. "Je les extirpe d’ici, de cette vie de mendiant", déclare-t-il. "S’ils se retrouvent dans un camp (en Europe), ils pourront au moins manger et boire avec dignité".
Toutefois, il se limite à ses concitoyens et refuse de s’occuper d’étrangers, malgré une forte demande de la part de Syriens et de Palestiniens. "Je ne suis responsable que de mes compatriotes. Je ne suis pas le gardien de la Mecque. Si c’est un étranger, je l’exploiterai. Je mettrai l’humanité de côté. Je suis comme ça. Je ne pourrais jamais trahir quelqu’un de mon pays."