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L’hommage du jazz au cinéma d’Erik Truffaz

Erik Truffaz

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Par Arnaud Quittelier - Patrick Bivort

Depuis vingt ans, Truffaz a joué́ avec tout le monde, avec Pierre Henry, Christophe, Enki Bilal, il a traversé́ dix fois le monde, il a rempli des salles et des salles. Mais il pense toujours à la prochaine aventure musicale. Ne pas se poser. Ne pas trop s’écouter jouer. Défier les réflexes.

Né en 1960 dans la banlieue de Genève, Erik a grandi en France dans le pays de Gex. Dès l’âge de huit ans, il découvre le plaisir de la scène aux côtés de son père qui joue du saxophone. A quatorze ans, il électrifie sa trompette et achète une pédale wha wha. Il passe des heures à répéter avec des amis. En 1987, il joue à Montreux avec le groupe brésilien Cruseiro Do Sul puis il s’envole pour New York. De retour en France, il obtient le prix du jury au concours de la Défense de la ville de Paris en 1993 puis il signe sous le label Blue Note en 1996. Entre 1996 et 2008, douze albums paraîtront sous ce fameux label dont quatre sont composés et réalisés avec le Truffaz Quartet (Marcello Giuliani, Patrick Muller, Marc Erbetta).

Erik Truffaz/Oxmo Puccino "Complément du verbe"

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Après plusieurs projets complémentaires, Erik Truffaz a sorti en avril 2023, un nouvel album, "Rollin". Tout a commencé une nuit de festival, Angoulême. On avait proposé au trompettiste de déjouer des musiques de cinéma. Alors Truffaz est allé chercher dans ses mémoires de cinéphile, d’amoureux et d’enfant, pour fomenter cet hommage du jazz à la pellicule qu’il illumine. Il opte pour un monument en guise d’ouverture. Un air de Nino Rota qui ne relève pas de l’ornement, il est le cœur même, obscur et palpitant, de La Strada. Lorsque Zampano s’effondre sur une plage embaumée de nuit, foutu dans son vieux costume, il jette un dernier regard au ciel et la musique fond, cette chanson de cirque tragique, Erik Truffaz la tourne en berceuse. Cordes tendues d’une tendresse infinie et le thème caressé à la trompette, une prière pour que l’amour dure toujours.

Erik Truffaz "La Strada"

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D’Amicalement Vôtre à Ascenseur Pour L’échafaud

Peu à peu, l’intrigue de ce disque s’impose. Erik Truffaz s’immisce dans tous les films de sa vie. Pour qui l’a déjà vu sur une scène comprendra qu’il est un acteur de série noire, le chapeau de feutre, le long corps d’escogriffe, on ne sait pas bien s’il est le méchant ou le gentil, mais il met du drame partout où il souffle. Sa trompette c’est Robert Mitchum qui quitte la table de jeu pour aspirer du regard Marilyn Monroe, corset rouge et plumes noires. Elle chante un dollar d’argent, et c’est Camélia Jordana, la même nonchalance, le même port, qui joue son rôle. La trompette de Truffaz c’est tour à tour Louis de Funès, Jean Marais, face à un Fantômas ou Miles Davis dans Ascenseur pour l’échafaud, lorsque le musicien américain improvisait face au visage démesuré de Jeanne Moreau.

Erik Truffaz était au micro de Patrick Bivort dans son espace Lounge sur Classic 21.

Interview d'Erik Truffaz dans l'émission "Classic 21 Lounge" sur Classic 21

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