LGBTQI +, que signifie ce sigle, lettre par lettre ?

Le drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT +

© Pekic

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Par Julie Calleeuw

Ce lundi 17 mai est la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, c’est-à-dire contre les violences et discriminations subies par la communauté LGBT +, LGBTQI + ou LGBTQIA +. Mais que signifient exactement ces différents sigles, qui, d’année en année, s’allongent ? Quelles réalités représentent-ils ?

Gay, homo, lesbienne, bi… Ce sont des termes et des réalités qui commencent à être bien compris dans notre société (mais pas encore tout à fait acceptés). Mais LGBTQI +, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Pourquoi autant de lettres ?

"C’est vrai que ça peut sembler un peu compliqué et en plus ça évolue encore sans cesse, réagit Bernard Guillemin, coordinateur d’Alter visio ASBL. Mais c’est parce que le discours se précise et s’affine davantage. On précise certaines spécificités, de genres notamment, on se rend compte que ce n’est pas aussi simple que ce que l’on en a dit". Des précisions qui sont importantes, "pour que chacun puisse s’identifier et être reconnu dans une société qui est encore hétéronormée (dans laquelle l’hétérosexualité est vue comme la norme, ndlr)".


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Des identités, des attirances multiples… Voici de quoi mieux les comprendre.

Distinction : genre et orientation sexuelle

Des "drag queens" à Toronto, au Canada

Pour mieux comprendre ces lettres, termes et réalités, il faut d’abord bien faire la distinction entre genre (identité et expression de genre) et orientation sexuelle et/ou affective.

"Genre et attirance sexuelle sont encore souvent confondus, regrette Bernard Guillemin. Dans la population, mais aussi parmi les professionnels, dans les soins de santé, l’enseignement… Il y a des amalgames".

Le genre

Un genre nous est assigné à la naissance en fonction de notre sexe biologique : fille/femme ou garçon/homme. Il existe des personnes intersexuées.

Il faut distinguer : identité de genre et expression de genre.

  • Identité de genre

Si une personne s’identifie au genre qui lui a été assigné à la naissance (par exemple, une personne assignée homme qui se définit comme homme), cette personne est dite cisgenre.

Mais si elle ne se reconnaît pas dans l’assignation faite à la naissance ou si elle se questionne, elle peut se définir comme transgenre. Ce qui ne veut pas dire qu’elle va forcément vouloir se faire opérer ou prendre des hormones "pour changer de sexe".

Le terme transgenre est aujourd’hui préféré à transsexuel, "car il ne renvoie pas à une médicalisation, alors que transsexuel renvoie à quelque chose de médicalisé. Il y a très peu de personnes qui se font opérer, par exemple", précise Bernard Guillemin. "Mais ce qui est important, c’est de respecter le processus d’autodétermination des personnes".

Certains se disent aussi agenres, non-binaires ou de genre fluide (avec un genre qui peut évoluer) : ils refusent d’être catégorisés, étiquetés. "Le genre est une construction sociale et il y a des personnes qui ne s’y reconnaissent plus", précise Bernard Guillemin.


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  • Expression de genre

C’est ce qu’une personne laisse voir à travers son attitude, ses vêtements… Une personne peut s’identifier en tant que "femme" (son identité de genre) et s’habiller en "homme" (son expression de genre).

Une personne peut également de façon occasionnelle changer d’expression de genre. C’est le cas des drag-queens par exemple.

  • Intersexué

Certaines personnes naissent avec des caractères sexuels (génitaux, chromosomiques…) qui ne répondent pas aux définitions biologiques de sexe féminin ou masculin. Il est impossible de déterminer le "sexe" de manière binaire à la naissance.

Souvent, enfants, ces personnes subissent des opérations, afin de les "normaliser". Le Parlement vient d’adopter une loi pour l’interdire.


►►► A lire aussi : Mieux comprendre et connaître les personnes intersexuées


 

L’orientation sexuelle ou affective

L’orientation sexuelle est l’attirance sexuelle qu’une personne ressent pour une autre. Un homme hétérosexuel est ainsi attiré sexuellement par des femmes, un homme homosexuel, par des hommes, un homme bisexuel, par les deux.

L’orientation sexuelle peut être différente de l’orientation affective/romantique. Une personne peut très bien être attirée sexuellement par les deux genres mais ne tomber amoureuse que de personnes de l’autre genre que le sien.

Genre et orientation sexuelle/affective sont deux choses bien distinctes. Une personne transgenre peut très bien être hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle.

LGBTQI + : c’est quoi alors ?

  • Lesbienne : une femme homosexuelle, c’est-à-dire une femme qui est attirée romantiquement et/ou sexuellement par les femmes
  • Gay : un homme homosexuel, c’est-à-dire un homme qui est attiré romantiquement et/ou sexuellement par les hommes.
  • Bi (sexuel) : personne attirée physiquement, sexuellement, affectivement ou romantiquement par les personnes du même genre et du genre opposé
  • Trans (genre) : personne dont l’identité de genre diffère de celle qu’on lui a assignée à la naissance en fonction de son sexe (biologique).
  • Queer : "se dit d’une personne dont le sexe, le genre, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et/ou l’expression de genre diffère des attentes de la société, est considérée comme non conforme, non traditionnelle, hors catégorie, selon la définition reprise dans le lexique de la Rainbow House. Il s’agissait à l’origine d’une insulte en langue anglaise ("bizarre", "déviant"… ndlr)". Ce terme est moins utilisé aujourd’hui. Il pourrait être équivalent à pansexuel, qui pourrait vouloir dire : "Laisser tous les possibles ouverts", comme l’explique Sandrine Detandt, directrice de l’Observatoire du sida et des sexualités à l’ULB. "Il y a toujours des individus qui se définissent comme queer, qui en fait ne se définissent pas, ne veulent pas d’étiquette", ajoute Bernard Guillemin.
  • Intersexué/intersexe : des personnes nées avec des caractéristiques sexuelles visibles et/ou non visibles (telles que les chromosomes, les organes génitaux, les hormones…) ne correspondant pas entièrement aux catégories mâle ou femelle, ou appartenant aux deux en même temps.
  • + : pour toutes les autres identités, orientations, expressions qui ne sont pas représentées dans les autres lettres du sigle, comme, entre autres :
    • Asexuel : personne qui ne ressent pas d’attirance sexuelle, ou rarement, ce qui ne l’empêche pas de pouvoir être attirée physiquement ou intellectuellement par quelqu’un
    • Pansexuel : personnes attirées physiquement, sexuellement, affectivement ou romantiquement vers des personnes sans distinction au niveau du genre et du sexe de la personne

    • Agenre : personne qui ne s’identifie à aucun genre


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"Il y a des multitudes de manière de se définir et de s’identifier", conclut Bernard Guillemin.

Lors de la Pride de 2019 à Bruxelles
Lors de la Pride de 2019 à Bruxelles © Belga

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