LGBTQI + : il y a 30 ans l'homosexualité quittait la liste des maladies mentales de l'OMS

LGBTQI+ : il y a 30 ans l'homosexualité quittait le liste des maladies mentales de l'OMS

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Le 17 mai 1990, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rayé l’homosexualité de la liste des maladies mentales. C’est en l’honneur de cette décision que la Journée se tient le 17 mai dans le monde. Pourtant c’est seulement en 2018 que l’OMS a retiré la transidentité de sa liste des maladies mentales.

La Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie a été créée en 2004 pour attirer l’attention sur la violence et la discrimination subies par les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transgenres, les intersexués et toutes les autres personnes ayant des orientations sexuelles, des identités ou des expressions de genre différentes.

Depuis 2005 donc, la journée IDAHO (International Day Against Homophobia and Transphobia) mobilise l’opinion publique sur les problèmes liés à l’homophobie et à la transphobie par le biais de colloques, de manifestations de rue ou d’événements artistiques. Cette journée est aujourd’hui célébrée dans plus de 60 pays à travers le monde.

Sylvie Lausberg est historienne, diplômée de l’Université libre de Bruxelles et psychanalyste, elle travaille également comme directrice du département Etude et Stratégie du Centre d’action laïque. Pour elle, "cette journée existe vraiment pour sensibiliser sur les violences faites contre les personnes homosexuelles dans le monde. La question de l’homosexualité est restée longtemps taboue dans des sociétés qui gardent comme pilier central la famille et donc le fait d’avoir des enfants. Il était difficile pour les médecins et psychiatres de l’époque de prendre en compte un désir sexuel qui ne menait pas au fait d’avoir des enfants. Bien sûr dans une société plus ouverte comme aujourd’hui cela a bien changé".

Sylvie Lausberg admet qu’il a fallu longtemps pour que le monde psychanalytique avance sur ces questions. "On savait déjà depuis Freud, que la sexualité était un contient obscure qui nous anime chaque jour de notre vie. Un espace de désirs et de pulsions que nous ne choisissions pas, mais qui nous guident. Longtemps les spécialistes ont classé l’homosexualité dans les maladies mentales car il était impossible pour la société de l’admettre. Les homosexuels se cachaient, et les seuls homosexuels visibles étaient souvent des caricatures qui permettaient aux sociétés de légitimer leur refus de toute acceptation".

Histoire belge

L’histoire moderne en Belgique, commence le 30 janvier 2003, lorsque la Chambre des représentants adopte à une large majorité le projet de loi qui permet d’ouvrir le mariage aux personnes de même sexe. La Belgique devient ainsi le second pays au monde à légaliser le mariage aux couples de même sexe. La même année est adoptée une autre loi contre les discriminations à orientation sexuelle, la loi antidiscrimination du 25 février 2003.


►►► À lire aussi : Archive 2015 - La Belgian Pride a 20 ans, petite histoire de cette manifestation haute en couleurs


Le 17 mai 2005 est organisé la première Journée de lutte contre l’homophobie. Une autre loi en 2006 ouvre l’adoption pour les couples de mêmes sexes. Enfin la loi du 10 mai 2007 donne le droit aux personnes trans de changer de prénom et de sexe sur leur état civil.

Désormais, les personnes qui sont convaincues que le sexe marqué sur leur état civil depuis leur naissance ne correspond pas à leur identité de genre pourront le modifier après certaines démarches. De même, contrairement à la loi précédente, il n’est plus demandé de conditions médicales dans la procédure.

Sylvie Lausberg insiste, pour elle, "les questions liées à la transidentité restent encore très compliquées dans notre société. Car il s’agit d’un décalage entre le corps sexué et la façon dont les personnes se vivent. Jusqu’à il y a peu une personne qui voulait changer de genre devait se faire stériliser. Ce qui prouve que la société avait beaucoup de mal à admettre cela. On peut rapprocher ces choix du fait par exemple que la société a longtemps voulu stériliser les personnes handicapées. On peut le lire comme, vous êtes déviant donc vous n’avez pas accès à la reproduction. Cela reste toujours très compliqué dans notre société, car la transidentité, c’est plus que le fait de vivre ou non au grand jour ses pulsions sexuelles, cela entraîne pour se réaliser des modifications chirurgicales ou hormonales. Et là, pour beaucoup des médecins ou de psychiatres il est encore difficile de prendre cela en compte, de l’accepter même. Il faut beaucoup de connaissance pour comprendre, accompagner cela, savoir à quel stade de son développement affectif est la personne qui fait la demande et prendre en compte la souffrance que cela entraîne. Il y a encore de nos jours un grand rejet du monde psychanalytique à traiter ses questions et à accompagner les personnes qui souhaitent changer de sexe".

10 années plus tard, en 2017, Unia avait évalué cette législation et proposé 27 recommandations pour améliorer la loi.

Evaluation d'Unia sur les lois antiracisme et antidiscrimination

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Tout n’est pas rose au pays de l’arc-en-ciel

Cependant, aujourd’hui encore dans l’espace public, à l’école, dans les clubs de sport, etc, les homosexuels continuent d’être considérés autrement pour ce qu’ils sont.

Unia, le centre interfédéral pour l’égalité des chances, a ouvert l’an dernier 133 dossiers concernant des discriminations de personnes LGBT, soit un nombre record, a-t-il annoncé vendredi. Sur les 133 dossiers ouverts, 35 concernaient des personnes homosexuelles discriminées ou harcelées sur leur lieu de travail.

Un long chemin vers l’égalité

Six personnes LGBTI sur dix évitent de tenir la main de leur partenaire en public, révèle ce jeudi l’enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE sur les expériences des personnes LGBTI en Europe, menée auprès de quelque 140.000 personnes en 2019. L’Agence souligne qu’il y a encore "un long chemin vers l’égalité".

Depuis une première enquête réalisée auprès des LGBT dans l’Union européenne en 2012, la peur, la violence et la discrimination restent élevées, selon la FRA.

Discrimination quotidienne

La discrimination est quotidienne et à travers tous les niveaux : au travail, à l’école, en cherchant un logement ou dans les soins de santé. Deux répondants sur cinq affirment avoir été harcelés l’année précédant l’enquête. De manière générale, les personnes trans et intersexuées sont particulièrement visées. Ainsi, quelque 60% des personnes trans se sont senties discriminées en 2019 contre 43% en 2012.

A contrario, des évolutions positives ont été constatées. En 2019, quelque 52% des personnes de plus de 18 ans étaient ouvertes par rapport à leur orientation ou identité sexuelle, alors que seulement 36% l’étaient en 2012. On remarque également que les problématiques LGBTI sont plus évoquées à l’école qu’auparavant.


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La Belgique ne fait pas forcément partie des meilleurs élèves. Alors qu’elle est parmi les pays où les LGBTI signalent le plus un incident qui leur est arrivé, particulièrement au travail, près de 37% d’entre eux évitent encore certains lieux par peur d’être agressés, harcelés ou insultés.

Trop de personnes LGBTI continuent de vivre dans l’ombre, craignant d’être ridiculisées, discriminées, voire attaquées

Des différences notables sont observées d’un pays à l’autre ; les pays nordiques, les Pays-Bas et Malte sont particulièrement bien classés. À l’inverse, la Pologne, la Lithuanie, la Serbie et la Macédoine du Nord sont les pays où il est le plus difficile de vivre en tant que personne LGBTI.

Le bouclier LGBT | Un symbole d’unité pour stopper la violence

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Des actions partout sur la planète

Cette année, pandémie oblige l’essentiel des manifestations seront organisés en ligne. Voici quelques exemples de ce qui sera proposé dans le monde.

Au Mexique, #LiberaTuOrgullo organise une diffusion en direct avec "plus de 30 célébrités locales, journalistes, influenceurs et activistes joignant des voix pour partager leur vision d’un monde sans stigmatisation et sans phobies".

Au Canada, la Fondation Emergence, basée au Québec, concentre sa campagne annuelle du 17 mai de cette année sur "Famille soutien", avec du matériel de campagne disponible en 20 langues.

En Allemagne, les traditionnels "Flashmobs arc-en-ciel" qui ont des foules volent des ballons de couleur arc-en-ciel, seront diffusés en ligne avec des e messages diffusés toute la journée.

En Australie, avec des campagnes telles que l’équipe de basket-ball LGBT de Victoria Bushrangers qui partageait des histoires de leurs membres tous les jours de la semaine jusqu’à la fin du 17 mai.

À Sitges, en Espagne, le silence sera rompu "avec des chansons et de la musique, avec des mots et des notes de musique que divers artistes joueront en ligne toute la soirée". D’autres groupes à Sitges organisent un événement virtuel "offrande de fleurs" qui invite les supporters à prendre des photos de fleurs et à les partager en ligne pour marquer leur amour et leur soutien.

En Afrique de l’Est, un événement avec diffusion en direct mettra en vedette des artistes créatifs queers du continent et au-delà. Au menu de la musique, de la poésie et des conférences de divers artistes, dont Dope Saint Jude, Alasarah, Jojo Abot et bien d’autres.

En Croatie, Zagreb Pride présentera une enquête récente, qui indique que "6 personnes LGBTI sur 10 en République de Croatie ont subi une sorte de violence dans les rues, les places, les lieux de travail et les ménages". Pendant ce temps dans la ville de Rijeka, l’organisation lesbienne LORI "brisera le silence dans le système éducatif croate" avec une campagne médiatique sur l’importance de l’éducation sur les sujets homosexuels.

Toujours dans les Balkans, des femmes homosexuelles d’Albanie organisent cette année la toute première marche à Tirana.

Plus au nord, des jeunes de Lettonie discuteront des droits LGBT et des drapeaux arc-en-ciel seront hissés.

En Tunisie, le festival du film queer de Mawjoudin sera en ligne pour "une journée d’exploration, de résistance et de célébration".

Au Liban, le 17 mai coïncide avec le Candlelight Memorial day, les supporters seront donc invités à se connecter et à allumer une bougie virtuelle qui contribuera à éclairer le site Internet de l’événement.

Le Fonds monétaire international marquera la journée avec un courriel adressé à l’ensemble du Fonds par la Directrice générale Kristalina Georgieva partageant son soutien et réaffirmant la position du FMI sur l’égalité. L’institution organise également un webinaire interne sur "l’importance de reconnaître que l’égalité de ceux des différentes orientations sexuelles et de genre à travers le monde est dans le meilleur intérêt de tous".

La Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Banque interaméricaine de développement se joindront pour la première fois cette année pour organiser une commémoration conjointe de cette journée mondiale.

En Belgique, les drapeaux arc-en-ciel flotteront cette année encore de nombreux hôtels de ville et autres bâtiments officiels.

LGBTQI+ : il y a 30 ans l'homosexualité quittait le liste des maladies mentales de l'OMS
LGBTQI+ : il y a 30 ans l'homosexualité quittait le liste des maladies mentales de l'OMS © NICOLAS MAETERLINCK - BELGA
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