"D'après les projections, le réchauffement climatique sera d'ici à 2100 en Guyane de +1,5°C à +4°C", indique Ali Bel Madani, climatologue de Météo France Antilles-Guyane. Ces données, issues du nouveau rapport GuyaClimat, revoient à la hausse les dernières estimations de Météo-France qui tablait en 2013 sur +1°C d'ici à la fin du siècle.
Une hausse du thermomètre aux conséquences "importantes" pour la flore et la faune, déjà visibles chez les tortues marines vertes, olivâtres et luths qui ont trouvé en Guyane un haut lieu de reproduction.
Car chez les tortues, c'est la chaleur du nid qui détermine le sexe : plus le nid est chaud, plus il y aura de femelles.
"Avec la hausse des températures, on assiste à une féminisation des populations qui met en péril la reproduction", explique Benoît de Thoisy, président de l'association Kwata, spécialisée dans la conservation des tortues.
En dix ans, les pontes des luths ont chuté en Guyane. Passant de 9.516 en 2009 à 828 en 2022 d'après l'association. Le réchauffement des océans en serait aussi responsable. "Après la saison des pontes, elles migrent vers la zone de convergence des eaux chaudes et froides au niveau du Canada, riche en plancton et méduses, afin d'y engraisser", explique Benoît de Thoisy. "Or d'après nos données, les migrations sont de plus en plus longues car les eaux froides reculent."
Des kilomètres supplémentaires synonymes d'épuisement des reptiles, qui entament leur stock de graisse pour migrer, aux dépens de la reproduction. "Dans les années 1960-1970, les luths pouvaient faire 5-6 pontes par saison. Aujourd'hui, nous sommes à 4-5 grand maximum et plutôt 2-3 en moyenne", ajoute le président de Kwata.