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Levée d’immunité parlementaire : que risque exactement Marc Tarabella ?

Qatargate : deux eurodéputés sans immunité

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Ce matin, les députés du Parlement européen ont acté la levée de l’immunité parlementaire de Marc Tarabella et Andrea Cozzolino, tous deux issus du groupe socialiste et démocrate (S&D). Les eurodéputés sont donc désormais à la disposition de la justice. Tous deux démentent les accusations de corruption à leur égard et se disent prêts à répondre aux questions des enquêteurs.

Ce vote s’est déroulé sans grande surprise mais restait très attendu, après que le 31 janvier dernier, les députés de la commission des Affaires juridiques du Parlement européen avaient déjà voté, à l’unanimité, pour cette levée.

Qu’implique la levée de l’immunité parlementaire ?

Tout d’abord, il est important de rappeler que les députés européens sont soumis aux règles du pays qu’ils représentent. "Tarabella bénéficie à l’origine d’une immunité qui est prévue pour les parlementaires nationaux, à savoir les immunités prévues pour la Chambre des Représentants", explique Marc Verdussen, professeur de droit constitutionnel à l'UCLouvain.

Dans l’Union européenne, le protocole numéro 7, relatif à l’immunité parlementaire, laisse à chaque Etat national le soin de désigner l’autorité en charge de lever cette immunité. Un pouvoir qui en Belgique, a été octroyé au Parquet fédéral.

Marc Verdussen détaille : "Avec cette levée d’immunité, Marc Tarabella peut donc désormais être placé en détention préventive ou être traduit devant un juge pénal. Concrètement, il redevient un citoyen ordinaire et plaidera comme tel. Son sort ne sera pas différent de n’importe quel autre citoyen"

Sauf que l’affaire du Qatargate n’en n’est qu’à ses débuts. L’instruction semble loin d’être terminée et d’être portée devant un juge d’instruction, seule personne habilitée à placer Marc Tarabella en détention. Il pourrait donc être arrêté ou non. Tout dépend au final de la volonté du Parquet fédéral belge dans cette affaire. 

"Pour résumer, on défait un verrou avec cette levée d’immunité mais cela ne veut pas dire pour autant que l’on va ouvrir la porte", conclut le constitutionnaliste.

Marc Tarabella redevient un citoyen ordinaire et plaidera comme tel

L’immunité parlementaire, une mesure d’ordre public

L’immunité parlementaire vise avant tout à "garantir l’indépendance et l’intégrité du Parlement dans son ensemble". Selon le site du Parlement européen, cette mesure "garantit que le député puisse exercer librement son mandat sans s’exposer à des poursuites de nature arbitraire ou politique".

Il s’agit donc bien d’une mesure d’ordre public. L’immunité parlementaire empêche qu’un député ne puisse être inquiété sur des opinions exprimées lors du cadre de son mandat. "Nous, en tant que citoyens, nous pouvons être victimes de décisions judiciaires ou arbitraires", explique Marc Verdussen. "Mais lorsqu’il s’agit d’un élu, il y a au-delà de l’enjeu humain, un enjeu démocratique auquel on doit être attentif".

Depuis 1997, un député peut toutefois être inculpé sans autorisation, ce qui explique que la justice a pu perquisitionner le domicile de l’eurodéputé.

L’immunité parlementaire n’est par contre pas un privilège. Elle ne peut pas être invoquée en cas de flagrant délit, comme par exemple avec l’ex-présidente du Parlement européen Eva Kaili. Si le député est condamné en justice, il n’échappera pas à une peine d’emprisonnement.

Sur le même sujet : JT du 02/02/2023

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