Devant beaucoup d’hôpitaux à Bucarest mais aussi en province, comme à Iasi, des ambulances font la file, attendant que des lits se libèrent, pour pouvoir débarquer les malades, et pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, Bucarest envisage de transférer des patients à l’étranger. Des situations qui rappellent ce qu’a vécu le nord de l’Italie début 2020.
Les médecins tirent le signal d’alarme
La Roumanie est un des pays les moins vaccinés de l’Union européenne. Il subit une virulente quatrième vague, en contraste avec le recul des contaminations observé dans d’autres pays européens.
"Je crains que nous ne soyons déjà dans le scénario" italien, dit le chef de la campagne de vaccination, Valeriu Gheorghita, en référence à la situation dramatique qu’avait traversée la Lombardie en mars 2020, lorsque les médecins devaient choisir qui soigner et qui laisser mourir. Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, la Roumanie envisage de transférer des patients à l’étranger, entre 200 et 300. La Hongrie voisine a proposé d’aider les patients malades, tandis que les Pays-Bas et la Pologne ont offert des fournitures d’oxygène dans le cadre d’un mécanisme de soutien mutuel à l’échelle de l’UE.
"C’est une catastrophe médicale", résume le chef du Département pour les situations d’urgence, Raed Arafat. "Je suis arrivé en enfer": depuis son lit d’hôpital à Bucarest, Bogdan Gavanescu raconte son combat de deux mois contre le Covid-19. "J’ai été intubé mais j’ai finalement été ramené à la vie", souffle ce chauffeur de taxi de 43 ans, qui "ne croyait pas" à l’existence du virus avant de le contracter.
Dans cet établissement de Bucarest, plein à "110%", les médecins s’affairent entre les lits alignés dans les couloirs. Moins chanceuse, une patiente est perfusée assise sur une chaise. "Si le flot actuel se maintient, dans un jour ou deux le système médical s’écroulera car nous n’avons déjà plus de place pour accueillir les malades", se désole le directeur Catalin Apostolescu.
"C’est l’enfer dans les unités de soins intensifs à travers le pays et la situation ne fait qu’empirer", confirme Dorel Sandesc, chef de clinique au sein de l’hôpital départemental de Timisoara et président de la Société roumaine d’anesthésie.
28% de vaccinés
La pandémie s’ajoute aux maux de ce pays d’Europe centrale de 19 millions d’habitants, aux infrastructures hospitalières dépassées.