Dès ce dimanche, Téhéran pourra à nouveau se procurer et fournir des armes conventionnelles. C’est en effet aujourd’hui, que doit expirer l’embargo sur les ventes d’armes destinées à l’Iran.
Cette mesure avait été imposée par l’ONU en application de la résolution 2231 du Conseil de sécurité et mise en place dans le cadre de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (le Plan d’action global commun, PAGC) signé en juillet 2015 par l’Iran, la Russie, la Chine, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis.
Cet accord est le résultat d’un long processus diplomatique international, qui a commencé en 2003, après que de forts soupçons pèsent sur la République islamique, en particulier sur sa volonté de se doter d’une arme nucléaire.
"L’idée du PAGC, était de dire qu’avec cet accord, on allait faire confiance aux Iraniens, toutefois avec l’application de sanctions, assorties de mesures de contrôle sur la production de l’arme atomique, explique Jean-Marie Collin, chercheur associé au GRIP et Expert porte-parole de ICANFrance. Et au fur et à mesure que la confiance sera gagnée, on va relâcher les sanctions. Le but, après cinq ans, étant de supprimer toutes sanctions et permettre à l’Iran de se procurer des armes, des systèmes de défense, comme le font la plupart des Etats. Aujourd’hui, on arrive à un des points clés de cet accord : l’arrêt, au bout de cinq ans, de l’interdiction d’acheter ou de vendre des armes".
Le retrait des Etats-Unis change les termes de l’accord
Sauf qu’en cinq ans, les termes de cet accord ont changé. En 2018, Washington s’est retiré avec fracas de l’accord de Vienne, imposant des sanctions encore plus fortes à Téhéran. Conséquences, dès 2020, l’Iran a annoncé qu’il s’affranchissait de l’accord, en ne s’imposant plus de limites pour l’enrichissement d’uranium.
"Pendant un an, après le retrait des Américains, l’Iran a respecté ses engagements, précise Pierre Goldschmidt, ancien directeur adjoint de l’agence internationale de l’énergie atomique, l’AIEA. Après un an, en réponse aux mesures de pressions maximales prises par les Etats-Unis, ne respectant pas eux-mêmes les termes de l’accord de 2015, l’Iran a décidé de ne plus respecter certains de ses engagements, comme le niveau d’enrichissement d’uranium, le nombre de centrifugeuses etc. Cela pose un problème aux Européens, mais il faut reconnaître que dans l’accord de 2015, l’Iran a précisé que si l’une des parties ne respectait pas ses engagements, Téhéran ne respecterait pas les siens à son tour".