Les Allemands, comme l’ensemble des Européens, se sont lancés dans une véritable course contre-la-montre. Ils veulent remplir leurs réserves de gaz d’ici l’hiver. Les 27 Etats membres de l’Union européenne se sont même fixé un objectif contraignant : un taux minimum de remplissage de 80%. Pour l’heure, ils n’en sont en moyenne qu’à 56%. C’est largement insuffisant. Et le reste de l’effort sera dur à fournir, "notamment à cause de la réduction de 60% des livraisons de gaz par Nord Stream 1 et aussi parce qu’il y a très peu d’alternatives au gaz russe ailleurs dans le monde, précise Pierre Terzian qui souligne également le constat fait récemment par l’association française Cedigaz :
Les capacités de production mondiale de gaz tournaient à plein régime et qu’il ne restait qu’1% de capacité non utilisée qui est située en Russie-même. Donc dans ces conditions-là, une pénurie fait malheureusement partie des possibilités.
Samuel Furfari pointe de son côté le temps qu’il faut pour conclure des contrats : "Tous les pays européens se sont empressés de conclure des préaccords avec des pays producteurs de gaz et ils sont fiers de faire des photos avec d’autres chefs d’Etat, même s’ils ne sont pas toujours fréquentables. Mais ensuite, il faut négocier des contrats, ce qui prend des mois parce que ce sont des sommes énormes qui engagent des entreprises sur cinq, dix ou vingt ans peut-être. Sans oublier un autre point. Il nous faut des infrastructures, il nous faut des méthaniers (des navires transportant du gaz naturel liquéfié, ndlr). Et tant qu’on n’a pas assez de méthaniers, on ne sait pas envoyer de gaz en Europe".