Touring a lancé le 16 février une pétition pour faire baisser le prix des carburants routiers.
Dans les circonstances actuelles (tensions suite à la guerre en Ukraine et menaces climatiques de plus en plus évidentes), votre démarche est irresponsable.
Pourquoi faudrait-il baisser les prix de l’essence et du diesel ?
Pour encourager un peu plus encore les constructeurs à monter en gamme, notamment avec des véhicules plus lourds et donc, toutes choses égales par ailleurs, plus gourmands (un exemple concret : une consommation de 9% plus élevée entre un SUV et une berline offrant le même confort) ? Par ailleurs, l’affaiblissement de l’offre de véhicules "modestes" n’est bon ni pour l’environnement ni pour le social.
Pour, dans la foulée, encourager les consommateurs à succomber à la tentation d’acheter des voitures de positionnement social plutôt que de calibrer le véhicule à leurs besoins réels ?
Pour faire un cadeau symbolique à ceux qui bénéficient de divers avantages financiers et fiscaux en matière de mobilité (voiture-salaire, carte carburant…) ?
Pour remercier tous ceux qui, aujourd’hui déjà, font de plus en plus de déplacements autrement qu’en voiture ?
Qui plus est, avec un risque potentiel sur les approvisionnements, ce n’est pas le moment de rendre l’énergie artificiellement meilleur marché.
Même après les hausses récentes, les prix des carburants sont, au vu de l’évolution des revenus, toujours moins chers qu’en 2012 (voir document ci-dessous) ! Résultat : les émissions moyennes de CO2 des nouvelles voitures ont augmenté entre 2019 et 2018.
Refuser la facilité ne signifie pas qu’il ne faut rien faire ; mais, comme pour d’autres énergies, les mesures doivent être efficaces, efficientes et équitables. On ne résout pas l’équation climatique simplement en baissant la TVA ou en activant le cliquet inversé.
Les mesures sont multiples ; quelques possibilités dans lesquelles piocher : limiter les vitesses maximales, aider les ménages à petits ou modestes revenus à changer pour un véhicule plus intéressant à l’usage (pour l’environnement et pour le portefeuille), consolider le travail à distance, favoriser plus fortement le co-voiturage (pourquoi faut-il, par exemple, quand on habite un village isolé faire ses courses tout seul ?), encourager les ménages qui parcourent peu de kilomètres à utiliser un véhicule partagé (au total, les kilomètres parcourus leur coûteront moins), etc.
Merci donc d’arrêter de surfer sur la vague de la facilité ; elle donne l’impression de bouger mais mène rarement à bon port.