Belgique

Les tueries du Brabant : un dossier irrésolu depuis 40 ans

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On reparle aujourd'hui  des "Tueries du Brabant", alors que la justice belge cherche, en Thaïlande, des preuves qui pourraient relier l'ancien gendarme et criminel Robert Beijer à cette affaire

Qui étaient les auteurs de ces "Tueries du Brabant"?  Pourquoi ont-ils commis ces faits ? C’est un mystère irrésolu depuis 1982, date du premier fait qui est attribué aux "Tueurs du Brabant".

De 1982 à 1985, on attribue à cette bande une série de faits au cours desquelles 28 personnes seront tuées, tant des policiers ou gendarmes que des civils, et beaucoup d’autres blessées.

Ce sont les attaques meurtrières contre des supermarchés du Brabant qui sont les plus retentissantes.

Depuis, l’enquête n’a jamais abouti. Elle est marquée par une succession de pistes qui ont été suivies, d’appels à témoins lancés, de fouilles, de révélations qui n’ont jamais permis d’aboutir à la vérité.

Des faits à partir de 1982

Les tueurs du Brabant : rappel des faits

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C’est au 13 mars 1982 que remonte le premier fait attribué aux Tueurs du Brabant. Il s’agit du braquage d’une armurerie à Dinant au cours duquel un fusil de chasse est volé.

Quelques mois plus tard, le 13 août 1982, c’est une épicerie de Maubeuge dans le nord de la France qui est dévalisée.

La première victime des Tueurs du Brabant tombe le 30 septembre 1982. C’est un policier, abattu lors de l’attaque d’une armurerie à Wavre. L’armurier témoignera du sang froid des Tueurs. "Les agresseurs ont directement tiré sur le policier", confiera-t-il.

Les Tueurs du Brabant seront crédités de l’assassinat d’un concierge d’auberge à Beersel en 1982 et de la mort d’un chauffeur de taxi, à Mons en janvier 1983.

1983, le début des attaques contre des supermarchés

Les Tueurs du Brabant sont soupçonnés d’avoir commis un premier hold-up en février 1983 au Delhaize de Genval, sans faire de victimes.

Quelques jours plus tard, toujours en février 1983, on leur attribue aussi l’attaque d’un Delhaize à Uccle où une personne sera blessée.

En mars 1983, c’est l’attaque du Colruyt de Hal, où le gérant du magasin est abattu.

Par la suite, toute une série de faits sont commis par les Tueurs du Brabant. Un concierge d’une usine de gilets pare-balles est tué, et son épouse grièvement blessée, à Tamise en septembre 1983. Deux automobilistes et un gendarme sont tués lors d’un vol de marchandises au Colruyt de Nivelles quelques jours plus tard. "Ils ont immédiatement fait feu sur le gendarme. Le gendarme s’est écroulé. Ils l’ont, semble-t-il achevé d’une balle dans la tête", racontera un témoin.  Un gendarme et un policier y sont aussi blessés. 

En octobre 1983, c’est le propriétaire d’un restaurant d’Ohain qui est tué lors d’un hold-up. Le même mois, le gérant du Delhaize de Beersel est abattu, une nouvelle fois lors d’un hold-up. Et en décembre 1983, c’est un couple de bijoutiers d’Anderlues qui perd la vie lors du braquage de leur établissement.

Lors des attaques de supermarchés, le mode opératoire est souvent le même : de nombreux tirs et le braquage des caisses.

Le 27 septembre 1985, c’est au Delhaize de Braine-l’Alleud que les Tueurs sévissent et font trois morts. Ils récidivent le même jour au Delhaize d’Overijse, tuant cinq personnes. Huit autres personnes  perdront la vie le 9 novembre suivant, au Delhaize d’Alost.

De multiples pistes, dont celle de l’extrême droite

Tueries du Brabant: la piste de l'extrême-droite

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Parmi les pistes souvent avancées depuis les années 80, il y a eu celle de l’extrême droite. On a notamment parlé d’un groupuscule néonazi, le WNP, Westland New Post. En 2014, Devoir d’Enquête, sur la RTBF, y avait consacré une émission. On y trouvait notamment le témoignage d’Eric Lammers.

L’hypothèse, jamais confirmée jusqu’à présent, serait celle d’actions menées par des extrémistes opérant pour le compte de la Sûreté de l’Etat, voire pour celui des Etats-Unis. Le but aurait été de semer la terreur au sein de la population pour renforcer les moyens sécuritaires de la police et de la gendarmerie.

Déstabiliser l’Etat belge ?

L’hypothèse selon laquelle les Tueries du Brabant auraient visé à déstabiliser l’Etat belge est tenace. Le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), y avait fait référence, au Parlement, en 2017.

Koen Geens: "Les tueries du Brabant visaient probablement l'état"

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Une enquête truffée de révélations, de témoignages, de (fausses ?) pistes

Les quarante années d’enquête sont aussi remplies de rebondissements, de découvertes, de témoignages, d’appels à témoins qui ont chaque fois relancé l’enquête, sans pour autant permettre de trouver la réponse aux questions qu’on se pose.

Des fouilles ont été organisées, notamment pour retrouver des armes dans le canal Bruxelles-Charleroi. Plus récemment, des fouilles ont aussi menées dans le canal de  Damme

On a cherché à identifier certains individus de la bande des Tueurs du Brabant, notamment celui qu’on surnomme "le Géant".

Un autre exemple parmi d’autres, a conduit les enquêteurs sur la piste de Jean Bultot, ancien directeur de la prison de Saint-Gilles, passionné de tir et dont on a retrouvé des papiers dans le bois de la Houssière. Ce bois était fréquenté par les Tueurs du Brabant. L’une de leurs voitures y a été retrouvée incendiée. Là aussi, la piste suivie par les enquêteurs n’a pas abouti.

Tueries du Brabant : les révélations de Jean Bultot

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Des questions sur l’enquête

Avec le recul, l’enquête sur les Tueries a des allures de labyrinthe. A-t-on pris les bons chemins ? A-t-on négligé des pistes ? L’enquête a-t-elle été manipulée ou freinée à certains moments ?

Près de 40 ans plus tard, le dossier est toujours à l’instruction et quelques enquêteurs y sont toujours affectés.

En théorie, en 2025, 40 ans après les derniers faits, l'enquête devrait s'arrêter, car les faits seraient prescrits.  Cependant, la législation devrait être modifiée pour permettre de prolonger le délai de prescription d'affaires comme celle des Tueries du Brabant. C'est ce que prévoit le gouvernement Decroo

Tueurs du Brabant : une enquête bâclée ?

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