Elles ont envahi les rues, les trottoirs et parfois les tunnels de Bruxelles, Liège et Namur, les trottinettes électriques sont devenues en quelques mois une nouvelle manière très en vogue de se déplacer en ville. En quelques clics sur son smartphone, on les débloque, on roule et on les gare un peu n’importe où.
À Paris, elles sont devenues le sujet de toutes les discussions, et accusées aussi de tous les maux. Elles sont revenues au-devant de l’actualité après la mort d’un jeune utilisateur de 25 ans, renversé lundi soir par une camionnette. Se pose donc la question de la régulation de ce mode de déplacement, et de la sensibilisation de ses utilisateurs à ses dangers. Pour en parler, Benoît Godart, porte-parole de VIAS, anciennement nommé Institut belge pour la Sécurité routière.
Port du casque vivement recommandé
Il nous le confirme : rouler en trottinette, ça peut être dangereux pour l’utilisateur à cause de la petite taille des roues. "Disons qu’il faut être concentré à 200%. Si vous êtes en vélo, par exemple, et si vous circulez sur un pavé déchaussé ou un trou, ça peut encore passer, mais en trottinette électrique, ça ne passe pas. Les roues sont petites, les roues sont rigides et le moindre trou peut donc vous faire tomber. C’est une première chose. Deuxième chose, les rails du tram sont par exemple encore plus dangereux que lorsqu’on est à vélo, surtout lorsqu’elles sont humides. Il est aussi plus difficile d’éviter les ouvertures de portière des automobilistes en trottinette électrique qu’un vélo. Je dirais donc que oui, ça peut être dangereux, et il faut donc vraiment mettre toutes les chances de son côté, c’est-à-dire être bien équipé. Par exemple, le port du casque n’est pas obligatoire, mais nous le recommandons très vivement."
Mais le porte-parole de VIAS ne souhaite pas que le port du casque soit rendu obligatoire, "pour la bonne et simple raison qu’on doit continuer à promouvoir les engins de déplacement, les moyens de multimodalité, de micro-mobilité, et la trottinette électrique en fait partie. Si demain on oblige les utilisateurs à avoir un casque, la personne qui sort de la gare Centrale et qui rate son bus, au lieu de se tourner vers la trottinette électrique, elle va devoir attendre. C’est donc un peu mettre des bâtons dans les roues des trottinettes électriques. Et si on rend le casque obligatoire pour les trottinettes électriques, dans la mesure où ils doivent suivre les règles inhérentes aux cyclistes, ça veut dire de facto qu’on rend le casque obligatoire pour les cyclistes".
Un problème de santé publique?
A Paris, qui est un peu le laboratoire d’expérimentation des conséquences d’une utilisation massive des trottinettes électriques, certains urgentistes estiment qu’elles deviennent un problème de santé publique, vu leur nombre croissant — on en dénombre 25.000, et devront atteindre les 40.000 à terme. La situation n’est pas aussi extrême à Bruxelles, mais doit-on estimer que ce mode de déplacement pourrait devenir un risque pour la sécurité de tout le monde ?
"À Paris, c’est vrai qu’il y en a vraiment beaucoup et c’est encore plus dangereux d’y circuler qu’à Bruxelles, où l’on n’est pas encore dans cette situation. Maintenant, c’est clair qu’il faut aussi mettre des limites et c’est la raison pour laquelle la loi interdit de rouler à une vitesse supérieure à 25 km/h, même si, sur Internet par exemple, vous pouvez trouver des trottinettes qui vont largement au-dessus. Mais c’est vraiment déconseillé et ça ne sert strictement à rien. En agglomération, 25 km/h est largement suffisant. De toute façon, 200 mètres après, vous êtes arrêté à un feu rouge, donc aller jusqu’à 40 km/h, 50 km/h, voire des vitesses excessives, comme on a vu sur certaines vidéos en France, ça n’a vraiment aucun sens."
Le danger principal de la trottinette électrique, ce sont les accidents avec les voitures. L’émergence des modes de déplacement alternatifs et plus doux doit donc s’accompagner d’une diminution de l’utilisation de la voiture. "On demande aujourd’hui aux gens de choisir d’autres moyens de déplacement que la voiture et il faut continuer de promouvoir ces engins de déplacement, mais il faut leur donner toutes les chances de leur côté, c’est-à-dire avoir des infrastructures dignes de ce nom. Ici, autour de Reyers, s’il y a des travaux, circuler en trottinette électrique est une véritable catastrophe, car il y a des graviers et du sable partout, on ne sait pas où on doit rouler. Donc, un petit effort au niveau de la signalisation ne ferait pas de tort. C’est un exemple parmi d’autres, mais il y a bien des pistes cyclables, par exemple, qui sont en mauvais état et on répare généralement d’abord les routes ou on répare d’abord les trous dans les routes avant de s’occuper des trottoirs et des pistes cyclables, c’est un peu dommage."