Chaque semaine, les Grenades scrutent les écrans et décryptent les sorties ciné. Cette semaine, Elli Mastorou a choisi ‘Les Trolls 2’, un film d’animation avec un message politique discret, mais bien ficelé… et coloré.
Cette semaine, on va parler de trolls. Ne vous inquiétez pas, pas besoin de trigger warning, il ne sera pas question des harceleurs d’internet, mais de ces petites poupées à la crête fluo qui ont marqué notre enfance. Ils débarquent cette semaine au cinéma dans ‘Les Trolls 2 : Tournée mondiale’. Oui je sais, dans la variété des sorties, c’est un choix qui peut étonner, honnêtement, même moi je ne m’y attendais pas. Mais ce film "pour enfants" véhicule un message plus complexe qu’il n’y paraît.
Pour la petite histoire, la première figurine Troll fut créé en 1959 par Thomas Dam, un bûcheron danois qui n’avait pas les moyens d’acheter un cadeau de Noël à sa fille. Le cadeau improvisé d’un papa désespéré est devenu un succès mondial dans les cours de récré, des années 60 aux années 90…. Vos parents pourront sûrement confirmer.
En tout cas, moi, je m’en souviens bien, de ces petits machins mignons et souriants, mais au regard vide un peu flippant. Et qu’est-ce qui se passe quand vous inventez un truc qui rapporte de l’argent ? Les Américains débarquent et proposent de vous le racheter. C’est ce qui est arrivé en 2013 avec le studio d’animation DreamWorks, qui a acquis les droits mondiaux (sauf pour la Scandinavie où la maison Dam garde les droits, faut pas déconner).
En 2016 le studio sortait ‘Trolls’, avec Anna Kendrick et Justin Timberlake dans les voix respectivement de Poppy la princesse optimiste, et de Branch le troll grognon. Une comédie animée, forcément haute en couleurs, pleine de musique pop, et chargée à bloc de messages pas-si-subtils sur la pensée positive.
Quatre ans, une pandémie et douze manifs #BlackLivesMatter plus tard, ‘Les Trolls 2’ retrouvent Poppy et ses amis Trolls là où on les avait laissés. Mais en 2020, qui croit encore au pouvoir de la positivité, sérieusement ? C’est en traînant les pieds que je me suis rendue à la projection de presse, questionnant la pertinence de ce film dans ma journée – et plus globalement, dans ce monde dépassé par un virus et des tensions sociales exacerbées.
Mais c’est quand j’ai vu que les Trolls sont divisés en tribus musicales, et que Poppy doit vaincre la méchante reine Hard-Rock, qui veut imposer son style à toutes les autres, que j’ai compris que la force du film était son message antiraciste, et que c’était de ça dont j’allais vous parler.