Histoire

Les tribunaux d’Hitler : quand le Droit fut détourné au service d’une dictature inique

Les tribunaux d’Hitler.

© Zed productions

Par Gérald Decoster via

Le documentaire en deux parties, intitulé "Les tribunaux d’Hitler", dévoile la façon dont la barbarie s’est exercée dans la plus parfaite légalité sous le régime nazi, en Allemagne.

Lilo Gloeden, née Kuznitsky, victime des nazis.

Le documentaire traite de la question à travers le destin de trois personnages emblématiques : Elisabeth – dite Lilo – Gloeden, née Kuznitsky (1903-1944), guillotinée par les nazis, Werner Best (1903-1989), un juriste qui s’était mis au service du parti et qui demeurera actif jusqu’à son décès, au sein d’un réseau soutenant les anciens SS, enfin, Johann Reichhart (1893-1972), bourreau en chef de l’administration de 1933 à 1945, qui se mettra, après la capitulation, au service des Américains pour pendre 156 dignitaires nazis.

Le procès de Nuremberg, côté pratique

La Seconde Guerre mondiale débouchera, du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, sur le procès de Nuremberg. La tenue de ce tribunal dans cette ville de Bavière n’était pas innocente. De façon très pratique, le palais de Justice de l’ancienne cité impériale, édifié dans le style néo-Renaissance de 1909 à 1916, était presque intact après la destruction à 90% de la ville par les bombardements.

Le palais de Justice de Nuremberg ou se déroula le procès contre les dignitaires Allemand.
Le palais de Justice de Nuremberg ou se déroula le procès contre les dignitaires Allemand. © Copyright 2020, dpa (www.dpa.de). Photo de Timm Schamberger/picture alliance via Getty Images

L’édifice était suffisamment vaste pour accueillir une aussi importante organisation qui, pour la première fois de l’histoire, accusera les prévenus de crime contre l’Humanité. Détail non négligeable, tout à côté, se trouvait une grande prison… C’est dans l’une des ailes du palais qu’est désormais installé le Mémorial du procès de Nuremberg tandis que la salle n° 600, qui en fut le théâtre, encore utilisée de nos jours pour les audiences, est accessible au public le week-end.

Le procès de Nuremberg, côté symbolique

Le procès intenté contre 24 des principaux responsables du défunt IIIe Reich à Nuremberg avait surtout une importance très symbolique : c’est dans cette ville que, dès 1933, le National-socialisme tiendra de nombreux et éclatants rassemblements.

Nürnberg Now & Then - Episode 15: Trials | Judgement

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L’une des salles du Musée national germanique installé à Nuremberg.

80 ans plus tôt, c’est déjà à Nuremberg que s’était ouvert le Germanisches Museum, censé présenter l’unité des peuples parlant l’allemand. Pour un régime qui n’allait pas tarder à prôner la pureté de la race, Nuremberg était donc l’endroit rêvé pour tenir des manifestations destinées à marquer les esprits. Aujourd’hui Germanisches Nationalmuseum, ou GNM, en français Musée national germanique, demeure la plus grande institution du genre au monde, présentant la culture et l’art germaniques, de la préhistoire à nos jours.

Le Reichsparteitagsgelände, lieu idéal de la propagande nazie

Les grandes manifestations nazies se devaient d’avoir des infrastructures dignes d’elles. C’est l’architecte officiel du IIIe Reich, Albert Speer, qui sera choisi pour imaginer le gigantesque complexe du Reichsparteitagsgelände, " terrain du congrès du parti du Reich ". Les rassemblements qui duraient parfois jusqu’à une semaine, amenaient jusqu’à un million de soldats et de partisans du régime.

Carte postale, vers 1938, représentant le Terrain du congrès du Reich, tel qu’il aurait été une fois achevé.
Carte postale, vers 1938, représentant le Terrain du congrès du Reich, tel qu’il aurait été une fois achevé. © Dokumentationszentrum Reichsparteitagsgelände Ph-1167-00

C’est au sud-est de Nuremberg que Speer concevra l’une de ses œuvres majeures, reflet parfait de l’architecture nationale-socialiste, mais inachevée. Originellement, l’ensemble s’étalant sur 11 km2 autour d’une Grande Rue, aurait dû comprendre l’Arène Léopold, la Halle Léopold, le Palais des Congrès, le Champ Zeppelin, le Champs de Mars, le Stade allemand et le Stade des Jeunesses hitlériennes.

Profondément remodelé après-guerre, sur le site ne demeurent que quelques bâtiments de l’époque. II y a d’abord l’ancien stade des Jeunesses hitlériennes qui, construit de 1926 à 1928, pouvait accueillir 37.000 spectateurs. Largement transformé en vue de la Coupe du monde de football 2006, il porte désormais le nom d’un ancien attaquant Nurembergeois, Max Morlock (1925-1994) et comprend jusqu’à 50.000 places.

De l’Arène Léopold, 84.000 m2 qui accueillaient jusqu’à 150.000 personnes pour les rassemblements de la SA et des SS, seul subsiste le Hall d’honneur.

Nürnberg Now & Then - Episode 3: Luitpoldarena

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Le Palais des Congrès du Reichsparteitagsgelände.

Le Palais des Congrès, conçu par Ludwigg Ruff et son fils Franz pour le NSDAP aurait dû permettre des rassemblements de 50.000 personnes. La construction entamée en 1935, est inachevée. Épousant extérieurement l’apparence du Colisée de Rome, ce plus grand vestige d’architecture nationale-socialiste est aujourd’hui inscrit dans la liste de protection du patrimoine culturel. Il accueille le Centre de documentation du Reichsparteitagsgelände, une exposition permanente " Fascination et violence et sert de cadre à la remise bisannuelle du Prix des droits de l’Homme de Nuremberg.

La tribune du Champ Zeppelin, d’où Hitler haranguait ses partisans.

Enfin, probablement l’un des lieux les plus emblématiques du IIIe Reich, le Champ Zeppelin accueillera jusqu’à 320.000 personnes et 70.000 spectateurs en tribunes, pour assister aux sinistres déblatérations du Führer et à ses mises en scène belliqueuses. Pour la tribune, Albert Speer s’est inspiré du grand autel de Pergame.

Nürnberg Now & Then - Episode 9: Zeppelinfield | Rallies

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Sur les conseils de l’architecte, certaines manifestations y furent organisées de nuit, à la lueur des flambeaux mais aussi de 130 projecteurs de la défense antiaérienne qui créaient, à plusieurs kilomètres d’altitude, une " cathédrale de lumière " que Speer estimait être sa plus belle réussite spatio-architecturale.

Une manifestation nocturne, le 8 septembre 1936, avec la "cathédrale de lumière" d’Albert Speer.
Une manifestation nocturne, le 8 septembre 1936, avec la "cathédrale de lumière" d’Albert Speer. © Bundesarchiv, Bild 183-1982-1130-502

Les tribunaux d’Hitler ", à voir le lundi 25 septembre, à 23h25 sur La Trois et sur Auvio.

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