C'est la question pose la dernière étude de l'IRES, l'Institut de recherche économique et sociales de l'UCL. Deux données ont été croisées pour 9000 entreprises belges: la proportion de travailleurs de plus de cinquante ans et la productivité. Et le constat est sans appel pour le travailleur âgé. Vincent Vandenberghe, professeur d’économie et auteur de l’étude : " Il coûte trop cher compte-tenu de ce qu’il est capable de produire. Donc la vraie question, c’est le rapport entre le coût du travail et la productivité. Aujourd’hui, quand une entreprise augmente la part de travailleurs âgés, ce rapport se détériore avec des effets négatifs pour le travailleur âgé comme pour l’emploi ".
En clair, cela signifie que dans les conditions actuelles, il n'y a pas de demande des entreprises pour employer des travailleurs de plus de 50 ans. Et sans demande, il est illusoire d'espérer prolonger les carrières.
Quelles solutions ?
L'étude de l’IRES propose des solutions. Dans un premier temps, c'est aux employeurs et employés de mettre en place les mesures qui permettront d'inverser la tendance. Deux efforts seront demandés aux patrons: renforcer la formation continue pour les plus de 50 ans et améliorer l'ergonomie au travail. Par exemple de nouveaux sièges, des tables réglables ou des loupes peuvent faciliter le travail. En Allemagne, il existe de nombreux exemples réussis.
Du côté des employés, c'est plus délicat. Vincent Vandenberghe : "La question qui se pose, c’est celle d’une discussion à propos de la liaison des salaires à l’ancienneté. Il ne s’agit pas de dire que l’on doit abolir toute forme d’accroissement du salaire en fonction de l’ancienneté mais dans un certain nombre de secteurs ou d’entreprises où celle liaison est très forte et très mécanique, il faudrait avoir le courage de remettre cet automatisme en question. Pour arriver à des carrières de plus de 65 ans, il faut que l’on limite la progression ".
L’Etat à la rescousse
Cette limitation devrait en principe remonter le niveau de productivité des plus de 50/55 ans et les rendre donc à nouveau concurrentiels et donc en mesure de rester sur le marché du travail.
Cette mesure ne sera évidemment pas facile à mettre en place et donc l’Etat serait appelé à la rescousse à deux niveaux: abaisser les charges sur les travailleurs les plus menacés et développer les capacités de services de soutien à l'emploi.
Mais à condition essentielle : les employeurs et les employés doivent d'abord s'être mis d'accord sur les autres mesures. Pour Vincent Vandenberghe, agir est impératif : " Il faut bien se rendre compte que si on ne fait rien pour essayer de favoriser la demande d’emploi âgée, il y a un risque considérable d’accroissement du chômage pour les personnes de plus de 55 ans. Il y a aussi un risque qu’un certain nombre de personnes se réfugient dans des régimes type maladies de longue durée ou allocations pour handicap. Si on ne fait pas un certain nombre d’efforts aujourd’hui, demain pour un certain nombre de personnes de plus de 55 ans, les conditions risquent d’être pénibles ". Voilà de quoi alimenter les débats lors de la formation du prochain gouvernement.
"La hausse salariale liée à l'ancienneté n'est pas tenable"
Le système actuel qui prévoit que les travailleurs ayant plus d'ancienneté gagnent toujours plus que les travailleurs plus jeunes n'est plus tenable, a déclaré au même moment le directeur du personnel du groupe de distribution Colruyt, Koen Demaesschalck, dans les pages du quotidien De Tijd.
Un collaborateur chez Colruyt qui a 20 ans d'ancienneté gagne dans certains cas près de 25 pc de plus qu'un collègue qui commence dans la même fonction. Koen Demaesschalck, responsable du salaire de 23.000 travailleurs en Belgique, estime que l'ancienneté doit peser moins dans le salaire.
"Il n'est pas logique qu'un travailleur reçoive son salaire le plus élève à la fin de sa carrière", indique-t-il. "La forme et l'ampleur des primes liées à l'ancienneté ont des conséquences perverses. Les travailleurs plus âgés coûtent trop chers."
Il appelle à la mise en place de "solutions créatives" afin de diminuer l'impact de l'ancienneté.
Michel Visart avec agences