Les talents cachés du bois

Après 5 années de recherches, on a réussi à transformer cette lignine en une sorte de pâte, applicable sur tous les supports. Son grand intérêt, c’est qu’elle détruit toutes les bactéries qui essaient de se développer à sa surface. Un produit anti bactérien donc, dont les applications sont presque infinies.

David Duday est chercheur dans ce laboratoire et fait l’inventaire, non exhaustif, des possibilités offertes par cette propriété anti bactérienne :

"Ça peut être aussi bien des poignées de porte, que tous les lieux publics avec beaucoup de contacts. Ça peut être les appareils médicaux, les systèmes de climatisation, les systèmes de distribution d’eau potable…"

Ce produit anti bactérien est actuellement efficace pendant au moins 3 ans. Mais en plus de son action contre les bactéries, les résultats sont également prometteurs contre les champignons. Et des études vont démarrer pour montrer que la lignine peut aussi tuer les virus ! Dans cette dernière perspective, David Duday est plutôt confiant :

"Nous sommes très optimistes, sachant que les bactéries sont de manière générale plus résistantes que les virus sur les surfaces."

Et leur premier client n’est autre que l’Agence Spatiale Européenne pour équiper la Station Spatiale Internationale. Jusqu’à présent, c’est l’argent et le cuivre qui remplissaient cette mission. Des matériaux extraits dans des pays lointains, peu disponibles et très coûteux. Tout l’inverse de la lignine. Damien Lenoble est directeur du département matériaux de l’Institut, et abonde dans ce sens :

"L’avantage du coût est indéniable puisqu’on est ici dans un schéma de valorisation de déchets, donc qui a priori ont une valeur ajoutée très faible. Et puis il faut tenir compte aussi de l’abondance de cette ressource-là."

En Wallonie aussi, on essaie de trouver de nouvelles valorisations et de nouveaux débouchés pour le bois. Pas d’étude concluante sur la lignine pour l’instant. On se concentre plutôt sur les écorces des arbres. On souhaiterait en extraire certaines molécules pour les valoriser.

Valbiom, une asbl de valorisation de la biomasse, s’est penchée sur la question. Bertrand Auquiere en est le directeur et fait le point sur les recherches actuelles :

"On aimerait bien mettre un projet en place pour aller extraire des molécules, qui auraient potentiellement un intérêt pour des secteurs applicatifs comme le cosmétique ou le pharmaceutique par exemple, ou bien dans la formulation de colles, de peintures… Ce sont des secteurs qui tous cherchent maintenant des molécules "vertes" pour la fabrication de leurs produits, et donc qui ne viendraient pas de molécules issues de la synthèse du pétrole, par exemple."

En plus de la construction, du papier ou encore de l’énergie, le bois est donc une ressource renouvelable à haute valeur ajoutée.
Les arbres et les forêts risquent donc demain d’avoir de plus en plus de valeur et de nous rendre de plus en plus de services.