La grève dans les prisons va peut-être cesser, mais il est encore trop tôt pour le dire. Le ministre de la Justice Koen Geens livrait, à 18H00, quelques détails du protocole d'accord. Au lieu des 250 recrutements supplémentaires proposés dans le protocole précédent, le présent accord évoque le nombre de 305 engagements. Mais rien n'est encore acquis, les syndicats vont maintenant présenter ce protocole d'accord à leur base. C'est elle qui décidera de la poursuite -ou non- du mouvement entamé il y a 12 jours. Cette décision tombera en principe avant la fin du weekend.
Les 36 prochaines heures seront déterminantes
A l’issue de la réunion, le ministre de la justice se disait plutôt confiant: "J’ai pu soumettre un protocole aux syndicats qu’ils sont prêts à défendre devant leurs membre ce samedi et ce dimanche, pendant les 36 heures qui viennent. J’espère que tout sera à nouveau normal en fin de weekend ou lundi matin".
"Ce n’est pas un protocole d’accord, c’est un protocole "
Des assemblées du personnel devraient se tenir dans les prisons ce week-end. A l'issue des votes, on saura si la grève continue. Du côté syndical, les représentants préfèrent rester prudents, comme l'explique Michel jacobs, permanent CGSP prison: "Ce n’est pas un protocole d’accord, c’est un protocole. Ce seront les bases qui devront le déterminer. Il est clair qu’il contient des choses intéressantes, que nous nous sommes engagés à défendre. Mais je ne peux pas me déterminer par rapport à ce que les assemblées vont donner. Il y a des avancées nettes. Cela rencontre certaines demandes des agents mais je sais aussi que l’on n’a jamais tout quand on négocie. Il reste toujours des choses sur le chemin et je ne désespère pas de les obtenir plus tard... Le maintien des 7000 équivalents temps plein, la calendrier des travaux de sécurité et la manière différente de travailler sont de bonnes choses."
"La rencontre a permis d'enfin énoncer les véritables besoins. Il y a eu de bons engagements et les revendications des agents ont été rencontrées. Nous nous engageons à défendre le protocole devant le personnel", a ajouté Laurence Clamar, secrétaire permanente SPF Justice de la CSC.
Le contenu du protocole d’accord
Le texte qui sera soumis au personnel pénitentiaire prévoit le recrutement de 405 personnes, dont 100 pour la lutte contre le terrorisme et 305 fonctionnaires supplémentaires, soit 55 de plus que dans le précédent protocole d'accord rejeté jeudi par les syndicats.
Le personnel est ainsi maintenu à environ 7000 personnes pour 2016, tout comme le nombre atteint fin 2015.
L'exercice sera facilité grâce à ce gel des économies notamment par une priorité absolue qui sera donnée aux travaux de sécurisation et à la modernisation des équipements. Le ministre a promis de nouvelles installations, le placement de nouvelles caméras de surveillance et de téléphones sur cellule. "Nous voulons privilégier ces nouvelles méthodes de travail et améliorer l'ambiance de travail."
"Sur le terrain on va davantage entamer cette procédure de 'travailler autrement', on va encourager les travailleurs avec une prime de flexibilité de 3 euros brut non indexés et de 4,8 euros indexés par heure. Cette prime vise notamment à compenser la perte de salaire conséquente aux nouvelles méthodes de travail."
Enfin, l'engagement ne concerne pas que les agents et les surveillants, mais aussi le personnel administratif, psycho-médical et de corps de sécurité. "Dans le cadre des 100 personnes recrutées pour lutter contre le terrorisme, il y a déjà 26 agents du corps de sécurité et 36 personnes de cadre administratif et psycho-médical. En plus de ça, on va encore recruter 30 membres du personnel administratif pour remplacer, un par un, chaque travailleur partant en 2016 du cadre administratif de nos prisons", a expliqué Koen Geens.
Une situation de plus en plus pénible
Pour les détenus cette grève a des conséquences qui deviennent chaque jour plus pénibles: pas de douche, pas de préau ni de parloir, pas de linge propre non plus.
Dans les prisons, la tension est à son maximum et les incidents se multiplient, comme l'explique le directeur de la prison de Lantin, Marc Brisy : " A l’intérieur de leurs cellules, ils cassent les meubles et les œilletons, ils inondent l’intérieur de la cellule en bouchant les WC. Ils balancent de l’eau dans les couloirs et cela rend l’intervention de nos agents très difficiles. Il arrive aussi qu’ils boutent le feux à leurs vêtements. Ils deviennent de plus en plus agressifs avec les agents qui travaillent encore. "