L’arrivée de ces personnalités, mi influenceurs, mi stand-upers suscite des réactions contrastées. Parfois vécue comme un appauvrissement du métier d’acteur. Hors micro, beaucoup dédaignent ces web made man and woman.
"Certains regardent tout ça en se demandant 'Mais qui sont ces gens ? Et quelle légitimité ont-ils ?'", analyse Keyvan Khojandi, acteur et producteur, qui vient de sortir son livre Comment je suis arrivé jusqu’à moi, co-écrit avec Maud Bettina-Marie.
En fait, "ceux-là ne supportent pas le 'fait de se faire soi même', c’est-à-dire de fédérer. Je ne dis pas que tout est qualitatif, mais c’est un vrai talent de réussir à créer sa propre communauté. Et ça, ça coupe l’herbe sous le pied du business model de ce métier-là. Avant, il fallait faire des ronds de jambes à des producteurs et c’était les producteurs et la sacro-sainte chaîne de la télévision, et le cinéma, je n’en parle même pas, qui avait le droit de vie ou de mort sur votre carrière", explique l’acteur qui participe à une formation au métier d’acteur destinée aux influenceurs dispensée par l’agence de Marketing Bolt influence avec Édouard Montoute, l’acteur français de la saga Taxi.
"Je comprends pourquoi cela énerve. Pourquoi va-t-on chercher un TikTokeur ou une influenceuse qui n’a pas appris le métier de comédien alors qu’il y a des batteries de comédiens qui sortent des cours Florent et qui font du théâtre. C’est là le problème. Et pourquoi on critique ? C’est parce qu’on se dit que les productions veulent surfer sur les followers", admet-il. "On a besoin d’eux pour ramener les gens sur les médias. Alors, quand on a la chance d’être influenceur, de s’être formé, d’être un bon acteur, et cætera, on a tout pour réussir dans ce métier".
La montée en puissance des streamers dans le cinéma est incontournable. Comme une nouvelle forme de communication autour des œuvres. Mais pour Keyvan Khojandi, la popularité de ces créateurs de contenus n’est pas suffisante : "Si j’ai un bon projet et j’utilise les bonnes personnes, pas forcément dans le premier rôle, mais dans des rôles secondaires, avec des gens qui sont des bons acteurs, mais qui ont aussi de l’influence, alors oui, je fais des économies parce qu’on peut créer aussi une autre forme de communication autour du film en utilisant les communautés. Le film "Le Visiteur du futur" a réuni un joli casting avec des gens qui ont pas mal d’influence. Pas forcément des très très gros influenceurs, mais c’est avant tout des artistes qui ont de l’influence. C’est plutôt ça qu’il faut privilégier aujourd’hui : des artistes qui ont de l’influence que des influenceurs et on évitera de participer à l’appauvrissement de la culture".