Reste à expliquer pourquoi des jeunes Danoises ou Allemandes de 15-16 ans seraient moins enclines à s'engager dans les mathématiques que leurs congénères turques, vietnamiennes ou kazakhes.
D'abord parce que les Danoises vivent dans des sociétés prospères dans lesquelles les maths sont moins un prérequis comme facteur de réussite, selon cette étude.
Ensuite parce que ces sociétés, en abandonnant un modèle traditionnel, basé sur la primauté masculine, et en promouvant des valeurs d'individualisme et d'émancipation, amènent paradoxalement les individus à s'identifier à un groupe. En recyclant des normes de genre.
Car ce sont des "schémas culturels rassurants, fournissant une ossature, mais qu'on s'est 'librement' choisis", selon le Pr. Jouini.
Ces schémas peuvent conduire à une différentiation des genres par métiers ou activités, valorisant des traits réputés propres aux femmes, comme la bienveillance, la curiosité ou l'extraversion.
Les auteurs jugent nécessaires des "politiques appropriées" pour changer cette situation. La discrimination positive n'y suffira pas, selon des travaux qu'évoque le Pr. Jouini. "Il faut probablement agir en amont", très tôt pendant le cursus scolaire, "en communiquant, en éveillant l'intérêt, en contrecarrant les stéréotypes, et en aval, en accompagnant" pendant les études.