Une manière pour les chaînes de télévision de faire grimper toujours plus les courbes d’audiences, qui rapportent gros via la publicité. Les spots publicitaires qui ont entrecoupé le dernier épisode des Friends se sont arrachés à plus de 2 millions de dollars, précise à ce sujet le quotidien Les Echos.
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Le "binge watching", frein au succès des séries ?
"Lors de l’arrivée de Netflix sur le marché des séries, on a vu que la plateforme privilégiait une consommation plus solitaire des séries en diffusant d’un seul coup tous les épisodes d’une saison. Ce choix répondait à l’époque à une double logique stratégique. D’abord se positionner en rupture avec le modèle traditionnel de la télévision linéaire et ensuite, répondre à une pratique déjà bien implantée, notamment via le piratage sur internet", précise le spécialiste.
Car si l’avènement "binge watching", cette pratique qui consiste à dévorer d’une traite, tous les épisodes d’une série, est souvent attribué à l’arrivée de Netflix, ce n’est pas tout à fait le cas. Bien avant l’arrivée du géant du streaming, les coffrets de DVD ou de VHS permettaient déjà la consommation effrénée de dizaines d’épisodes d’affilée, tout comme le téléchargement illégal de saisons complètes sur internet.
Toutefois, ce type de diffusion, s’il a d’abord eu un côté révolutionnaire, semble désormais être remis en question. "Aujourd’hui, il y a des plateformes comme Disney + qui diffusent un épisode chaque semaine comme on a pu le voir pour 'The Mandalorian', par exemple", pointe Louis Wiart. À son tour, Netflix est aussi en train de revoir sa stratégie, et ce, malgré le positionnement provocateur du patron du géant du streaming en 2014 qui assurait que la télévision linéaire était amenée à disparaître.
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"Netflix veut s’adapter au paysage concurrentiel en matière de séries pour retrouver une dimension collective qui a un rôle social important mais aussi un rôle commercial", car publier d’une traite de l’ensemble des épisodes d’une série, rend le rendez-vous très bref. Tandis qu'une publication hebdomadaire et étalée durant plusieurs semaines permet une succession de rendez-vous et l’étalement de la couverture médiatique. Cela génère aussi le bouche-à-oreille et favorise le renouvellement des abonnements au fil de la diffusion pour les plateformes.
Le succès de Friends transposable en 2021 ?
Mais alors le monde des séries de 2021 est-il propice à des séries à succès tels que celui de Friends dans les années 2000 ? Rien n’est moins sûr mais nul doute que les plateformes 2.0 tentent de rencontrer au mieux les attentes des consommateurs pour booster leurs audiences. "Aujourd’hui, une diffusion mondiale et immédiate est possible via Netflix, Amazon Prime ou encore Diney + comme on l’a vu, entre autres, avec la Casa De Papel. Ce n’était pas possible il y a 20 ans", pointe Louis Wiart.
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Pour Céline Dejoie, la question n’est pas là car la diversité des contenus proposés permet à chacun de se retrouver dans le panel de séries disponibles, sans pour autant générer des audiences folles. "Les séries d’aujourd’hui ont encore de l’ampleur mais sur de plus petites communautés, renchérit-elle. Ces dernières années, il y a vraiment des pépites de séries produites par de grands networks qui sont d’une qualité folle mais qui ne sont même pas destinées à toucher le grand public. C’est le cas par exemple de The Underground Railroad, parue ce mois-ci et produite par le réalisateur de Moonlight."
Selon elle, c’est là que la presse culturelle trouve tout son sens. Car face à l’effervescence toujours plus grande du monde sériel, le rôle de conseil des journalistes est désormais primordial pour trouver son compte entre séries contemporaines et séries emblématiques, mais aussi pour que chacun puisse dénicher les séries qui lui correspondent.
Alors The Office, Friends ou Sex and The City peuvent-elles être détrônées dans le grand Game of Thrones des séries à l’ère des plateformes de streaming ? La course à la "série phare" a en tout cas été lancée en même temps que toutes ces plateformes qui contribuent chaque année un peu plus à enrichir un paysage audiovisuel toujours plus riche… ou saturé, c’est selon.