Retour aux sources

Les secrets des hiéroglyphes: sur les traces des égyptologues Champollion et Jean Capart

Hiéroglyphes de la tombe de Padaméniopé.

© Photo Isabelle Régen.

Par Gérald Decoster via

Voici 200 ans, Jean-François Champollion perçait le secret des hiéroglyphes. Pour l’occasion, Élodie de Sélys vous propose, avec " Le palais des hiéroglyphes, sur les traces de Champollion ", un voyage du côté de Louxor, à la découverte d’une tombe extraordinaire, la TT33, celle de Padaméniopé, un prêtre lecteur mort voici 2.800 ans…

1923, sortie des trésors de la tombe de Toutânkhamon.

2022, c’est aussi le 100e anniversaire de la découverte de la tombe de Toutânkhamon… et ce n’est pas tout !

 

 

Dans la lignée de Champollion, avec Jean Capart, la Belgique fut un phare de l’égyptologie

Saviez-vous que la Belgique fut et demeure à la pointe de l’égyptologie ? Certains musées belges comme celui de Mariemont, possèdent des trésors égyptiens. Mais, à coup sûr, la plus belle collection du genre est conservée aux Musées royaux d’Art et d’Histoire au parc du Cinquantenaire : pas moins de 11.000 pièces ! Elle est en grande partie due au père de l’égyptologie belge, Jean Capart, mort voici 75 ans.

Jean Capart à Thèbes, en 1946.
Courrier de Jean Capart à Eugène van Overloop, Conservateur en chef du Cinquantenaire, 20 février 1907.

Né à Bruxelles en 1877, le jeune homme devient docteur en droit de l’ULB après avoir présenté une thèse sur le droit pénal égyptien ancien ! Car c’est l’égyptologie qui est sa passion. Pour se spécialiser, il n’hésitera pas à voyager.

Son premier article scientifique ayant trait à l’égyptologie paraît en 1896, ce qui lui vaut d’être remarqué par le fameux Gaston Maspero qui, l’année suivante, l’invite à participer au Congrès des orientalistes, à Paris. À cette occasion, Capart présente sa bibliographie exhaustive de l’Égypte.

Après avoir étudié en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, Jean Capart suivra les cours donnés de Maspero à la prestigieuse École du Louvre avant d’entrer aux Musées royaux d’art décoratif et industriel – les futurs Musées royaux d’Art et d’Histoire – en 1899. Il y gravira rapidement les échelons, en devenant le conservateur en chef seize ans plus tard.

Les Musées royaux d’Art et d’Histoire, au parc du Cinquantenaire, à Bruxelles.
Les Musées royaux d’Art et d’Histoire, au parc du Cinquantenaire, à Bruxelles. © https ://monument.heritage.brussels/fr/

Capart rêvera de faire de Bruxelles, la capitale de l’Égyptologie développera considérablement la section égyptienne des Musées du Cinquantenaire, souhaitant en faire la plus belle au monde… Son but est de couvrir, par des pièces représentatives, toutes les époques de l’histoire de l’Égypte. Pour y arriver, il procédera à des achats mais, usant de son entregent, il recevra aussi d’importants dons de collectionneurs.

Ce sont quelque 8.000 pièces qui entreront ainsi au Cinquantenaire grâce à Capart. Parmi elles, le mastaba de Néferirtenef, découvert à Saqqarah, qui sera acquis et ramené à Bruxelles grâce au mécénat du baron Édouard Empain. Il y a aussi le linteau de Séthi Ier, le Livre des Morts à vignettes de Neferrenpet, la momie dite " de la Brodeuse Euphémia ", le fragment de stèle du roi Den ou encore le relief de la reine Tiyi.

Livre des Morts, entre 1295 et 1186 avant J.-C.
Momie dite « la brodeuse », entre 395 et 640 après J.-C.
Relief de Tiyi, entre 1550 et 1295 avant J.-C.

L’égyptologue-historien de l’art va réussir à convaincre le gouvernement belge de collaborer avec les archéologues anglais travaillant en Égypte. Il deviendra d’ailleurs secrétaire honoraire puis vice-président d’honneur de la Fondation pour l’exploration de l’Égypte (Egypt Exploration Fund), fondée en Angleterre en 1882 et rebaptisée Société d’exploration de l’Égypte en 1914. Par ce biais, pendant une trentaine d’années, les MRAH recevront une part des objets découverts lors de fouilles.

Capart est l’auteur d’un nombre impressionnant de publications de référence sur l’égyptologie. Il sera aussi professeur dans l’enseignement supérieur et universitaire, à Liège et à Bruxelles, tant pour l’égyptologie que l’histoire de l’art.

En 1923, invités par Howard Carter et Lord Carnarvon, la reine Élisabeth et le prince Léopold lui proposent de les accompagner pour assister à l’ouverture du tombeau de Toutânkhamon. C’est de là que lui viendra l’idée de créer la Fondation égyptologique Reine Élisabeth au sein de laquelle paraîtra, dès 1925, la revue " Chronique d’Égypte ", toujours d’actualité.

La reine Elisabeth et Jean Capart en Egypte, en 1930.
Courrier de la reine Elisabeth à Jean Capart, 1945.

Jean Capart obtiendra, en 1936, une concession de fouilles pour la Belgique, celle d’El Kab, construite sur le site de l’ancienne capitale religieuse de Haute-Égypte, Nekhbet, en Haute- Égypte. Il y mènera plusieurs campagnes des travaux, y découvrant des temples mettant en exergue l’importance de la déesse Nekhbet dans la religion égyptienne. De nos jours, c’est encore l’Association Égyptologique Reine Élisabeth – nouveau nom de la Fondation – et les Musées royaux d’Art et d’Histoire qui ont la charge de l’étude du site.

"Le mystère de la grande pyramide."

Le physique de Jean Capart inspira à Edgard P. Jacobs le personnage du Docteur Grossgrabenstein, égyptologue dans " Le Mystère de la grande pyramide ", et à Hergé, celui de l’égyptologue Philémon Siclone dans " Les cigares du pharaon " et plus encore du professeur Bergamotte, dans " Les Sept boules de cristal " et " Le temple du soleil ".

Jean Capart disparaît à l’âge de 70 ans, des suites d’une opération chirurgicale. Ayant vécu très longtemps à Woluwe-Saint-Pierre, c’est dans le cimetière de cette commune qu’il est inhumé. Pour le 50e anniversaire de son décès, un mémorial lui a été dédié dans le parc qui porte son nom à Woluwe-Saint-Pierre, une pyramide reprenant les proportions de celle de Keops…

Mémorial à Jean Capart, parc Jean Capart, Woluwe-Saint-Pierre.
Détail du portrait de Jean Capart sur son mémorial à Woluwe-Saint-Pierre.

À lire : "Toutankhamon", de Jean Capart, Éditions Decoopman, 2018.

À voir: " Le palais des hiéroglyphes, sur les traces de Champollion ", de Patrick Cabouat, dans " Retour aux sources ", le samedi 17 septembre à 20h35 sur La Trois, suivi de l’entretien d’Élodie de Sélys avec Dimitri Laboury, Stépan Polis et Jean Winand.

 

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