Quelles leçons tirer de l'affaire Benjamin Griveaux en France? La diffusion d'une sex tape qui a stoppé net la campagne de l'homme pour la mairie de Paris et a rapidement tourné au procès des réseaux sociaux, accusés d'affaiblir la démocratie... Alors question cash ce soir sur le plateau de CQFD: les "RS" vont-ils tuer la politique? Pour tenter de répondre à la question, deux invités: Nicolas Baygert, professeur de communication politique à l’ULB et l’IHECS, directeur du Laboratoire Protagoras (sur la communication politique), et Margaux De Ré, députée bruxelloise Ecolo, fondatrice d’une agence active dans le secteur numérique.
Des armes aux mains de tout qui veut faire justice
Au lendemain de l'annonce du retrait de Benjamin Griveaux, la classe politique française a largement dénoncé l'anonymat sur les réseaux sociaux, accusés d'avoir provoqué sa chute. Pourtant, dans cette affaire, l'anonymat ne peut être mis en cause puisque les protagonistes majeurs ont rapidement été identifiés, avec des relais médiatiques, loin d'être des "trolls anonymes du web".
"Dans cette affaire, Benjamin Griveaux a été piégé sur une correspondance privée", commente Nicolas Baygert, "la question est de savoir jusqu'où le dévoilement est-il possible?". Le spécialiste de la communication politique pointe ici les aspects techniques qui ont permis la publication de la vidéo: "cela a trait à la sécurité de tout utilisateur de ces réseaux sociaux et dépasse largement la question de l'anonymat".
"Ces nouveaux outils politiques que sont les RS peuvent servir tant à promouvoir un candidat qu'à le faire tomber de haut", poursuit Margaux De Ré. "Aujourd'hui, toute une série de personnes influentes s'appuient sur des contenus pour déstabiliser voire dézinguer des personnalités publiques ou politiques", explique Nicolas Baygert, "c'est un climat propice à toute une série d'attaques, une forme de guerre sale avec des armes désormais aux mains de sympathisants, activistes, militants ou autres qui vont s'emparer de contenus pour faire justice".