Alain DIERKENS est Professeur d’Histoire Médiévale à l’ULB, et l’un de ses sujets de prédilection est les reliques, restes de corps de personnes dites saintes, aux yeux de l’Eglise Catholique, objets les ayant touchés, et qui sont depuis le haut moyen âge jusqu’à nos jours objets de culte, de vénération, de pèlerinages, et donc sont objets de la Foi.
Mais, il est évident que le sujet peut aussi prêter au scepticisme. Si il est un sujet d’étude en soi, force est de constater que des questions peuvent se poser, en dehors même de celle d’y croire ou pas. La relique est donc une partie ou le corps entier d’un saint, et qui constitue selon la théologie catholique le réel moyen de contact entre le monde “d’ici bas”, et le Christ.
Quand Saint Louis ramène à Paris la couronne d’épine qui a été selon les écritures posée sur la tête du Christ lors de sa crucifixion, elle va lui couter plus cher que toute la Sainte Chapelle qu’il va faire construire autour, et cela lui permet de placer son Royaume de France encore un peu vacillant sous la protection divine, et d’assoir son pouvoir.
Quand... pourrait on dire fort opportunément, la Sainte Lance est découverte à la fin d’une croisade en perdition... Cela peut aussi poser question...
Le palais de Philippe II d’Espagne, l'Escorial, compte à lui seul 7500 reliques ! Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays Bas, ont été aussi de fameux “collectionneurs” de reliques qui font partie maintenant du Trésor de Sainte Gudule.... Et ne commence t on pas à distribuer des parties de vêtements de Jean Paul II ?
Donc, un sujet un peu schizophrénique: On aimerait y croire, et on y croit, tout au moins si l’on est Catholique, mais en même temps, il y a 2 têtes et 32 doigts de Saint Pierre... 11 jambes de Saint Mathieu, de quoi faire au moins une dizaine de croix avec tous les “vrais morceaux”... et même: 14 “saint prépuces du Christ”. Authentiques évidemment....
Avouer que cela pourrait prêter à sourire.
Pourtant, depuis l’aube de la chrétienté jusqu’à nos jours, le Culte des reliques est bien réel. Et le sujet est bien un sujet d’étude tout à fait sérieux. Historiquement, socialement, théologiquement.
Alors, à l’heure où des évêques permettent, comme dans le cas de Jacques de Vitry, à Namur, des datations au carbone 14, des études morphologique et quasi médico légales, et à l’heure où Banneux ou Lourdes, sans parler de Saint Jacques de Compostelle, restent des hauts lieux de la Foi Catholique, c’est peut être l’occasion d’aborder le sujet.
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