Les Quatre de Baker Street

Les Quatre de Baker Street

© Tous droits réservés

Par Jacques Schraûwen

Baker Street, c’est l’adresse mythique d’un des personnages légendaires de la littérature policière : Sherlock Holmes. Les auteurs de cette série ont imaginé que le grand détective, spécialiste de l’intuition mêlée de réflexion scientifique, génie de l’analyse, a eu besoin, tout au long de ses enquêtes, d’une autre aide que de celle du Docteur Watson: quatre galapiats, quatre gamins de rue, utilisés comme guetteurs, comme messagers ou même comme auxiliaires tout au long des enquêtes menant Sherlock dans les bas-fonds de Londres.

Les Quatre de Baker Street
Les Quatre de Baker Street © Tous droits réservés

Les quatre membres de cette police auxiliaire de Holmes sont des personnages hauts en couleurs. Il y a Billy, l’intellectuel de la bande, puisqu’il sait lire et écrire. Il y a Black Tom, d’origine irlandaise, voleur expérimenté et doué pour la voltige. Il y a Charlie, qui est, en fait, une fille, véritable garçon manqué. Et, pour compléter ce quatuor, il y a le chat Watson, qui est, tout comme Sherlock, le lien continuel et essentiel entre ces trois gosses défavorisés par l’existence et qui trouvent, grâce à Sherlock Holmes, de quoi assumer pleinement leurs destins aux mille brisures.

Les Quatre de Baker Street
Les Quatre de Baker Street © Tous droits réservés

Il y a, dans cette série, une double influence littéraire. Celle de Conan Doyle, évidemment, au travers des intrigues mises en place dans les quatre volumes qui construisent cette saga, et au travers des moyens mis en œuvre par le détective et ses aidants pour arriver à élucider quelques mystères impeccablement réussis et passionnants. Mais il y a aussi, d’une certaine manière, la présence de Dickens, au travers de la description qui est faite de cette ville tentaculaire qu’était Londres à la fin du dix-neuvième siècle, une cité dans laquelle les laissés pour compte étaient nombreux, une métropole qui ne laissait que peu de place aux enfants ballotés par l’existence et n’ayant pas eu la chance de naître du beau côté de la société.

Les Quatre de Baker Street
Les Quatre de Baker Street © Tous droits réservés

Ces deux aspects sont, au long des albums scénarisés par J.B. Djian et Olivier Legrand et dessinés par David Etien, tout le temps présent, certes. Mais l’essentiel reste, aussi et surtout, les histoires racontées, le talent des scénaristes pour faire vivre, pleinement, tous leurs héros, sans exception, même les " méchants ". Dans ce genre d’œuvre-hommage, la tentation était forte de recourir à la caricature, tant au niveau du canevas narratif que du graphisme. Et il n’en est rien, que du contraire. Les auteurs prennent le temps de s’enfouir aux existences de leurs personnages, et de nous les faire découvrir sous toutes leurs coutures, avec leurs richesses, leurs failles, leurs faiblesses et leurs doutes, leurs réussites et leurs espérances.

Trois gosses et un chat, quatre albums, quatre aventures dans lesquelles je ne réussis pas à trouver de défauts !... Le scénario est vivant, mouvementé à souhait, sans jamais oublier de s’attacher à la psychologie des personnages, ce qui était absolument nécessaire quand on suit les pas d’un héros comme Sherlock Holmes. Le dessin, vif, aimant jouer avec les ombres et les lumières, comme en contrepoint des enquêtes vécues, use d’un découpage traditionnel pour faire preuve, de page en page, de vrais éclairs d’originalité.

Je disais quatre albums… Il y en a un cinquième, complément intelligent et indispensable à la série, un album qui s’intitule " Le Monde des Quatre de Backer Street " : un livre qui nous permet d’explorer cette Londres sombre et mouvementée, de tout savoir sur les héros de la série, un livre mêlant textes imaginaires, analyses historiques et planches de bd.

Alors, si vous ne vous êtes pas encore plongés dans l’univers des Quatre de Backer Street, il ne vous reste plus qu’à corriger cette erreur ! Voilà une série que vous pouvez lire, savourer, faire lire tout autour de vous. La lecture peut s’en faire, d’une certaine manière, à différents niveaux, ce qui en permet l’accès aux enfants comme aux adultes.

Et si vous la connaissez déjà, cette saga, faites comme moi : relisez-la ! Et vous verrez qu’à chaque nouvelle lecture, le plaisir de nouvelles découvertes est toujours présent !

 

Jacques Schraûwen

 

Les Quatre de Backer Street : cinq albums parus (scénario : Djian et Legrand – dessinateur : Etien – éditeur : Vents d’Ouest)

 

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Tous les sujets de l'article

Articles recommandés pour vous