Cinquante-quatre tours devaient être construites dans le quartier Nord par Charly De Pauw, un des plus riches promoteurs des années 60 et 70. Mais le rêve vire au cauchemar quand les grosses sociétés tardent à s'installer dans le futur Manhattan des Affaires Bruxelloises. Alors le quartier nord reste désespérément vide. Les pouvoirs publics accourent à la rescousse du malheureux promoteur. En 1977, l' Etat s'installe dans les deux tours du WTC. Les loyers payés - 1 million de francs belges par jour - sont bien supérieurs au prix du marché. On pensait attirer de grandes multinationales et créer des milliers d'emplois, mais ce fut un véritable flop.
Aujourd'hui, l'essentiel est occupé par les régions flamande et bruxelloise et l'état fédéral. L'espace nord a englouti des sommes gigantesques pompées dans les poches du contribuable.
Quinze mille personnes ont été expulsées pour faire place à un ghetto administratif, animé la journée, transformé la nuit en endroit des plus sinistres. Bourrées d'amiante, mal isolées, les tours les plus anciennes ont être rénovées. Elles ont été construites pour durer 30 ans maximum. La tour la plus récente reste inoccupée. Rien ne presse, il y a déjà près de 2 millions de mètres carrés de bureaux vides à Bruxelles.
L'histoire se répète autour de l'avenue Fonsny dans le quartier du midi: au début de l'année 1990, il faut raser quatre quartiers pour créer de grands immeubles de bureaux et des hôtels pour accueillir les hommes d'affaires débarquant du Thalys. Un plan d'expropriation est annoncé au nom de l'intérêt public et en extrême urgence. Pourtant, certains ont attendu 19 ans avant d'être délogés ! Dix-neuf ans à vivre dans le stress d'une expropriation, dans le bruit et la poussière pour finalement vendre, parfois pour une bouchée de pain.
Actuellement, quelques multinationales sont enfin bien là, mais une grande partie des immeubles sont occupés par le service public. Les autres gigantesques bâtiments sont vides. Quant aux maisons dont les propriétaires ont été expulsés, elles seront rénovées.
RTBF
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