Les psys : bientôt remplacés par l’Intelligence artificielle ?

Est-ce que parler à une intelligence artificielle, les fameux chatbots comme chat GPT, peut réellement aider à se sentir mieux ? Certains diront que oui. D’autres crieront au scandale, parce que rien ne remplacera la rencontre entre deux êtres humains.

Quelles sont les différentes façons dont l’IA pourrait aider la santé mentale ?

Il en existe quatre principales : les applications mobiles de suivi de santé (prise de médicaments, humeur du jour, …), les traitements basés sur la réalité virtuelle (casque et lunettes 3D pour sommeil, stress, phobies), l’aide au diagnostic et proposition de prise en charge thérapeutique grâce à l’analyse rapide et efficace des symptômes et en les comparant à une immense base de données et enfin, le développement des agents conversationnels (les chatbots), pour apporter un soutien psy ainsi que des exercices thérapeutiques.

Comment fonctionne un chatbot ?

Un chatbot est un programme informatique qui simule une conversation humaine écrite ou parlée. Ce qui permet aux humains d’interagir avec des terminaux digitaux, comme s’ils communiquaient avec une personne réelle.

En 1965, le premier programme de ce type a été développé, il se nomme "Eliza". Il simule un psychothérapeute en reformulant la plupart des affirmations du patient en questions, et en lui posant ces questions. Les études ont montré que le chatbot parvenait à développer une alliance thérapeutique comparable aux psychothérapies.

Aujourd’hui, il en existe de nombreux exemples. Le logiciel CATO a été développé pour soutenir la santé mentale des sportifs de haut niveau. Le programme JEF a permis d’aider les étudiants français dans la période covid et post-covid. Aux USA, "WYSA" a été approuvé par la FDA (food and drug administration) pour la gestion de la dépression et de l’anxiété.

• Les chatbots peuvent soutenir les personnes en souffrance, qui n’ont pas accès au psychologue

Pour les personnes qui n’ont pas accès aux soins, les IA pourraient sembler intéressantes. Que ce soit parce que l’accès est très compliqué, ou parce que leur pathologie rend les déplacements difficiles (phobies sociales, par exemple).

• L’IA est non-jugeante, neutre, semble empathique et très compréhensive.

Certains deviennent même accros au chatbot. "Le fait de savoir qu’il n’y a pas un réel être humain en face de soi pourrait aussi aider certaines personnes à parler de sujets dont ils auraient honte sinon" ajoute le Dr Caroline.

• La puissance du diagnostic

Grâce à ses données super complètes, croisées et accessibles en une seconde, les propositions diagnostiques et conseils thérapeutiques d’une IA pourraient bien être judicieuses, car basée sur l’EBM (evidence based medicine) et non parasitée par la mauvaise humeur, la fatigue, la dernière lecture d’un thérapeute.

La communication est basée sur trois grands facteurs : ce que l’on dit (le contenu du message) ; la façon dont on le dit (ton, débit de parole) ; les gestes qui l’accompagnent (la fameuse communication non verbale).

Le chat bot c’est très bien, mais c’est plat, sans relief

L’IA rate toutes les dimensions plus subtiles, pour se concentrer sur uniquement le contenu du message. Or, parfois, l’importance d’un suivi thérapeutique est son éclair d’originalité. Le chatbot a donc ses limites : il est redondant, il ne s’adapte pas à chaque personne, et fait parfois des bourdes. "Le chat bot c’est très bien, mais c’est plat, sans relief" explique le Dr Caroline.

Nous sommes des êtres sociaux. Diminuer nos contacts réels humains ne peut que se retourner contre nous : "Moins on rencontre d’humains, moins on est prêt à ces rencontres avec tout ce qu’elles ont de surprenant, d’inquiétant, de drôle, d’imparfait" insiste Dr Caroline. On peut alors s’enfoncer dans toujours plus de solitude et de dépendance vis-à-vis d’un ordinateur.

L’utilisation des chatbots peut être pertinente, à condition de s’allier à un suivi psychologique, avec un autre humain. Il est préférable de ne pas remplacer ce contact. Par ailleurs, ces nouvelles techniques ne doivent pas nous empêcher de sortir, de rencontrer de nouvelles personnes. Elles doivent être régulièrement évaluées, contrôlées

Les intelligences artificielles font partie de notre présent et de notre futur. Elles peuvent nous aider, en tant que médecins, psy et aussi en tant que patients. Elles peuvent permettre de s’ouvrir à l’idée d’un suivi, de patienter jusqu’à un rendez-vous ou entre deux rendez-vous. Mais elles doivent être surveillées !

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