On n'est pas des pigeons

Les prix de l’énergie ont retrouvé un niveau presque normal : est-ce qu’il est temps de renégocier votre contrat de gaz et d’électricité ?

"Dans le domaine de l'énergie, l'infidélité est payante"

© Getty images

Par François Louis via

En août de l’année dernière, le gaz se négociait 300 euros le MW/h sur les marchés de gros. Ce 1er juin 2023, le prix tourne autour de 25 euros, plus de dix fois moins cher. Cela ne veut pas dire que votre facture d’énergie va être divisée par dix. Ce serait trop beau. Mais cela va faire du bien au portefeuille.

Est-ce que cette embellie va durer après l’été, quand tout le monde rallumera son chauffage en même temps ? Rien n’est moins sûr. C’est peut-être le moment de négocier un contrat fixe avec son fournisseur d’énergie.

Energie dix fois moins chère, facture annuelle divisée par dix ?

Cette baisse sur les marchés de vente et d’achat de gaz va se répercuter tant sur la facture de gaz que celle d’électricité. Pour les consommateurs qui bénéficient actuellement d’un contrat variable (la toute grande majorité depuis la crise de 2022), le bénéfice sera automatiquement répercuté sur la facture au plus tard au moment de la régularisation annuelle. Il est aussi possible d’obtenir un ajustement de son acompte mensuel sans attendre la régularisation.

Ces tarifs portent sur les mois de mai, juin ou juillet, qui sont les mois où l’on consomme le moins. Cela n’impactera qu’environ 10% de la facture.

"Attention" , tempère Julie Frère, porte-parole de Testachats. "Ce n’est pas parce que les prix du gaz sont aujourd’hui dix fois moins chers qu’il y a un an que la facture annuelle va être divisée par dix. Ces tarifs portent sur les mois de mai, juin ou juillet, qui sont les mois où l’on consomme le moins. Cela n’impactera qu’environ 10% de la facture."

Mais quand votre acompte mensuel diminue de 30 à 50%, même pour quelques mois, ça fait tout de même du bien…

Changer de fournisseur ?

C’est aussi le bon moment pour les consommateurs de réexaminer les conditions de leur contrat et éventuellement de changer de fournisseur. Depuis quelques semaines, il est à nouveau possible de conclure des contrats à tarifs fixes. Est-ce une bonne idée ?

Les prix ont atteint un plancher actuellement.

C’est en tout cas le point de vue de Damien Ernst, spécialiste des réseaux d’énergie à l’ULiège. Il développe: "Je crois que les prix ont atteint un plancher actuellement. Ils vont probablement remonter à la fin de l’été pour atteindre une quarantaine d’euros le kWh en hiver. C’est en tout cas un scénario probable. Plusieurs facteurs se conjuguent : la relance progressive d’usines mises à l’arrêt l’année dernière, la reprise de l’activité économique en Asie et le risque de frappes sur des infrastructures énergétiques en Ukraine ou en Russie. L’Europe est moins dépendante de la Russie qu’il y a un an, mais pas complètement."

Il sera encore temps de passer à un contrat fixe après les vacances.

Geoffroy Deserranno (Wikipower) partage grosso modo la même analyse. "Nous arrivons à une période charnière. Indépendamment des surprises que pourrait réserver la guerre en Ukraine, les prix vont sans doute encore baisser dans les semaines qui viennent, avant de repartir à la hausse après l’été." Mais l’expert de Wikipower en tire une conclusion légèrement différente pour le consommateur :"Pour l’instant, la baisse se poursuit. Je garderais un contrat variable jusqu’à la fin de l’été pour en profiter le plus longtemps possible. Il sera encore temps de passer à un contrat fixe après les vacances."

L’infidélité est payante

Temporiser un peu : c’est aussi le calcul de l’association de consommateurs testachats.

"Les derniers contrats fixes que nous avons analysés nous semblaient encore fort chers par rapport aux contrats variables", commente Julie Frère. "Pour une consommation moyenne en Wallonie, c’est environ 350 euros en plus sur une année. Mais il faudra réexaminer les nouveaux tarifs au début du mois de juin. Ils vont baisser et pourraient alors rendre les contrats fixes vraiment intéressants."

D’une manière générale, les consommateurs n’ont pas intérêt à rester trop longtemps avec le même contrat. "Dans ce domaine, l’infidélité est payante", sourit Maxime Sonkes (Wikipower). "Les consommateurs ont intérêt à examiner régulièrement les offres sur les comparateurs".

C’est facile de changer de fournisseur

Le régulateur belge du secteur, la Commission de régulation de l’électricité et du gaz, a agréé deux de ces comparateurs sur internet : monenergie.be et comparateur-energie.be. La Creg rappelle que changer de fournisseur est une opération assez simple. "Le client choisit un nouveau fournisseur et c’est ce fournisseur qui s’occupe de toutes les formalités. Quelques jours plus tard, le client reçoit un courrier pour faire un relevé du compteur. Ce relevé permet de clôturer l’ancien contrat"nous expliquait Laurent Jaquet, le directeur de la CREG, dans une interview publiée en septembre de l’année dernière.

Précisons qu’il n’y a aucune indemnité de rupture à charge du consommateur et que le délai de préavis est d’un mois.

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