Belgique

Les primes "gaz" et "électricité" du gouvernement fédéral couvriraient 16% de la facture énergétique des ménages

© Gettyimages - Oscar Martin

C’est une estimation qu’a faite Philippe Defeyt, économiste à l’Institut pour un Développement durable. Il s’est basé sur le niveau des prix de l’électricité et du gaz en octobre 2022 et sur la consommation moyenne des ménages pour estimer la part de la facture énergétique des ménages qui serait couverte par les primes accordées par le gouvernement fédéral. Pour rappel, 61 euros par mois pour l’électricité et 135 euros par mois pour le gaz sont octroyés, sous certaines conditions, pour cinq mois, de novembre à mars. Au total, ce sont 305 euros pour l’électricité et 675 pour le gaz sur lesquels les ménages concernés pourront compter.

Selon les calculs de Philippe Defeyt, si les prix observés en octobre pour l’électricité et le gaz devaient rester les mêmes pendant 12 mois, les primes énergétiques fédérales couvriraient environ 16% de la facture de gaz et d’électricité annuelle des ménages.

Sur une facture annuelle de 5009 euros, 980 euros payés par l’Etat

Le calcul de l’économiste Philippe Defeyt vaut pour un consommateur standard au tarif moyen d’octobre 2022. On suppose que ce consommateur consomme en moyenne 3500 kWh d’électricité par an et 17.000 kWh de gaz pour la même période.

Sur base des prix moyens observés en octobre 2022 et si ces prix se maintenaient pendant 12 mois, les 3500 kWh d’électricité coûteraient au consommateur standard 2425 euros. Les 305 euros de prime (5 X 61 euros) versés de novembre à mars abaisseraient cette facture à 2210 euros. Ce sont donc 12,6% de la facture moyenne annuelle d’électricité qui seraient couverts par l’aide fédérale.

Pour le gaz, une consommation moyenne annuelle de 17.000 kWh coûterait à un consommateur moyen 3564 euros pour 12 mois. Déduction faite des 675 euros de prime énergétique fédérale (5 x 135 euros), la facture "tomberait" à 2889 euros. Les primes fédérales couvriraient 18,9% de la facture annuelle de gaz.

Pour un consommateur bénéficiant des deux aides, pour le gaz et pour l’électricité, les primes fédérales couvriraient 16,4% de la facture annuelle de ces deux énergies.

Assez logiquement, le système profitera davantage à ceux qui consomment moins

Puisqu’il s’agit d’une aide forfaitaire de 61 euros (électricité) et 135 euros (gaz) par mois, les primes énergétiques couvriront une part plus importante de la facture des consommateurs dont les besoins en gaz et électricité sont plus réduits.

Par exemple, pour une consommation annuelle d’électricité de 1500 kWh, les 305 euros de prime couvriraient 28% de la facture annuelle. Pour le gaz, les cinq mois de primes couvriraient 32% de la facture annuelle d’un consommateur qui ne consommerait que 10.000 kWh de gaz par an. En moyenne, un abonné au gaz et à l’électricité consommant 1500 kWh d’électricité et 10.000 kWh de gaz verrait 30% de sa facture annuelle couverte par les primes fédérales.

Toutes autres choses égales par ailleurs, la prime énergétique représente forcément une part plus importante de la facture pour des consommateurs plus modestes.

Et si le calcul tenait compte de la forte hausse des prix de l’énergie depuis le printemps 2022 ?

Les estimations présentées ci-avant valent pour une période d’un an démarrant en octobre 2022. Or, dans les mois qui ont précédé octobre, les prix de l’énergie ont été très élevés. Si l’on devait tenir compte de toute l’année 2022 et de l’année 2023, en supposant que le gouvernement fédéral n’accordera plus d’aides sur le gaz et l’électricité au-delà du mois de mars prochain, "l’aide totale devrait être, pour un consommateur standard, de l’ordre de 10% des factures, pour l’électricité comme pour le gaz", estime Philippe Defeyt. On arriverait à 20% de la facture pour un petit consommateur.

Pour un même niveau de consommation, le tarif social reste plus avantageux que les primes fédérales

Philippe Defeyt a aussi comparé la facture d’un consommateur standard bénéficiant des primes fédérales avec celle d’un consommateur bénéficiant, lui, du tarif social. Pour une consommation d’électricité annuelle moyenne de 3500 kWh, un consommateur bénéficiant des 5 x 61 euros de prime devrait encore payer à son fournisseur 2120 euros pour sa consommation annuelle. Un bénéficiaire du tarif social paierait pour 12 mois de consommation environ 929 euros, soit quasi 1190 euros de moins que le consommateur aidé pendant cinq mois. Même chose pour le gaz, avec le tarif social, un consommateur paierait, pour une période de 12 mois, environ 579 euros, soit 2310 euros de moins qu’un consommateur standard bénéficiant des primes énergies du gouvernement fédéral.

Il faut, selon Philippe Defeyt, aussi garder en mémoire qu’environ 21% des consommateurs d’électricité comme de gaz ne bénéficient ni du tarif social (octroyé sous certaines conditions) ni de ces primes énergétiques (parce qu’ils ont conclu un contrat fixe avant le 1er octobre 2021).

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