Chroniques

Les poches bien pleines des partis politiques belges

Philippe Walkowiak

© RTBF

 

Les partis politiques belges se partagent bon an, mal an, près de 75 millions €. Sans restriction véritable à leur utilisation ni véritable contrôle, si ce n’est celui d’eux-mêmes ! L’argent des partis n’est contrôlé que par les partis eux-mêmes. La Belgique constitue par ailleurs l’un des pays où les partis politiques se voient les plus richement dotés en Europe ! Pour quoi faire ? Ce qu’ils veulent, ou presque. La loi reste très vague sur le sujet. Le patrimoine des partis a été multiplié par cinq en 20 ans.

Un financement public justifié… par les scandales

La loi de 1989 qui institue le financement public des partis se justifie ainsi : " il est largement fait appel à des bailleurs de fonds sous la forme de contributions volontaires mais aussi d’un soutien financier octroyé par des commanditaires qui, en alimentant des fonds électoraux, souhaitent entrer dans les bonnes grâces d’hommes politiques, éventuellement dans l’espoir d’être un jour payés de retour. " Une manière polie de reconnaître la corruption qui gangrenait alors le monde politique.

Place donc à l’argent public. Mais si l’origine des fonds est désormais identifiée, l’usage en reste imprécis et hors de contrôle !

De plus, au fil du temps, les partis ont thésaurisé leurs dotations et se retrouvent désormais à la tête, si pas de petites fortunes, d’un capital appréciable : plus de 30 millions € de capital pour la N-VA, au-delà de 10 millions € pour le Vlaams Belang, le PS, le PTB ou le MR. Et chaque année, une dotation qui tombe dans les caisses.

L’usage de l’argent

Si la N-VA dépense cet argent notamment dans l’achat de bâtiments, le PS préfère engager du personnel et le PTB ou le VB investissent dans de la pub sur Facebook, comme également la N-VA. Les deux partis nationalistes flamands figurent aujourd’hui parmi les plus dépensiers sur Facebook, … de toute l’Europe. Tout cela avec de l’argent public !

L’accord de majorité fédéral pointait cette situation et avait pour ambition de l’encadrer. Mais cela se chamaille entre les sept partis de la coalition ; le dossier arrive à la Chambre mais visiblement, les présidents de partis entendent en faire leur chasse gardée. En toute discrétion. Circulez !

Ce qui aurait dû faire l’objet d’un véritable débat démocratique, ouvert à la société, risque bel et bien de se retrouver objet de marchandage particratique. Comme souvent chez nous, on retrouve cet entre-soi malsain, loin des citoyens. Une plus grande transparence et une plus grande rigueur s’imposent.

L’agent des partis constitue un enjeu trop essentiel démocratiquement pour être laissé aux seuls partis, aux seuls présidents de parti.

@PhWalkowiak

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JT du 02/02/2023

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