Les photos de Marlène Schiappa dans Playboy publiées : une manière de détourner l’attention des Français ?

Leur parution a secoué le gouvernement et la sphère médiatique. Beaucoup ont d’abord cru à un poisson d’avril. De nombreuses critiques ont fusé, dans l’opposition, mais aussi au sein du parti LREM. La Première ministre Elisabeth Borne a appelé Marlène Schiappa pour lui dire que son interview n’était "pas du tout appropriée, à plus forte raison dans la période actuelle". Même son de cloche du côté d’Isabelle Rome, qui a succédé à Marlène Shiappa au Ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes : "Prétendre que poser dans Playboy fera avancer la liberté des femmes, j’en doute sérieusement. La sienne, peut-être. Celle des autres, non".

"Je rappelle que son fondateur, Hugh Hefner, a été poursuivi pour agression sexuelle. À un moment donné, il faut choisir ses supports", a ajouté Isabelle Rome, déplorant que cet épisode fasse une "énorme publicité" à Playboy, magazine qui ne sera "jamais" l’allié des femmes selon elle.

Ces dernières années, Playboy a tenté de changer son image. Son directeur de la publication l’affirme, Playboy n’est plus un magazine de charme. C’est devenu un "MOOC, mi-livre, mi-magazine, trimestriel, branché et intello de 300 pages". Il contient encore quelques photos de femmes dénudées mais ce n’est plus l’essentiel de la publication.

Et puis historiquement, ce n’est pas la première fois que le magazine publie des grandes interviews de politiques : Fidel Castro en 1985, Jimmy Carter en 1976, Donald Trump en 1990. Malgré le changement d’image opéré par Playboy, le magazine reste encore largement associé à son créateur, Hugh Hefner, à son émission éponyme, et aux "Playboy girls", ces femmes hypersexualisées, présentées pour plaire au regard masculin.

Face à la polémique, le porte-parole du gouvernement, Olivier Verran, a lui tenté de calmer les choses. "Je rappellerais que la ministre, Marlène Schiappa, mène un combat en faveur du droit des femmes que personne ne peut lui retirer, parfois de manière digressive mais avec efficacité et sincérité", a-t-il affirmé. "Je ne veux pas que quiconque puisse imaginer que cela contrevienne au fait que l’ensemble du gouvernement français est mobilisé pour améliorer le quotidien des Français."

Justement, c’est précisément le timing de cette interview qui pose problème. Ce jeudi, une nouvelle journée de manifestation a lieu en France contre la réforme des retraites. Le climat social est très tendu. Il faut également le rappeler, Marlène Schiappa n’est pas la seule à s’exprimer.

Emmanuel Macron a aussi donné une interview à Pif Gadget, un magazine BD jeunesse, dans laquelle il répond aux questions des jeunes lecteurs et lectrices.

En bref, la communication du gouvernement français semble déconnectée des problèmes quotidiens des citoyens. Elle donne parfois l’impression de vouloir détourner le regard des Français des "vrais problèmes". Pour rappel, Marlène Shiappa est notamment au cœur d’une enquête de deux médias français au sujet du fond Marianne. Un fond créé en 2021 suite à l’assassinat de Samuel Paty. Il devait financer la lutte contre le radicalisme et le djihadisme. D’après les premiers éléments de l’enquête, il se pourrait qu’il y ait eu détournement de fonds.