Politique

"Les partis politiques traditionnels en Belgique sont complètement en obsolescence programmée", assène Maxime Prévot

Par Cynthia Deschamps, sur base d'une interview menée par Thomas Gadisseux via

Changement de nom, de couleur, de philosophie. En quoi est-ce autre chose qu’un ravalement de façade ? Le cdH devient "Les engagés". On en parle avec le président de ce nouveau "mouvement", Maxime Prévot. On évoque aussi avec le député fédéral dans l’opposition deux dossiers d’actualité : les nouvelles mesures attendues du gouvernement fédéral pour soulager la facture énergétique des ménages et l’accueil des réfugiés ukrainiens en Belgique.

Réfugiés ukrainiens

Concernant les réfugiés ukrainiens, comment Maxime Prévot compte-t-il organiser cet accueil ? "Les informations nous parviennent au compte-goutte", regrette le bourgmestre de Namur. "J’ai préventivement déclenché une phase communale de crise depuis vendredi pour que l’ensemble des services soient au taquet. Nous avons déjà pris des dispositions pour pouvoir équiper intégralement notre plus grand hall sportif avec 100 à 150 lits potentiels. […] Mais on n’a pas beaucoup d’informations à ce stade sur les modalités pratiques."

"On sait, par exemple, d’après les services du gouverneur, que la ville de Namur doit s’attendre à accueillir potentiellement jusqu’à 2000 réfugiés", continue-t-il. "Mais même en mobilisant l’intégralité des onze halls sportifs dont nous disposons, on n’arrivera pas à avoir cette capacité d’accueil. Nous sommes donc en train de travailler sur plusieurs aspects : la réquisition éventuelle d’immeubles qui sont actuellement inutilisés et qui pourraient devenir opérationnels rapidement, on a évidemment les offres de service qui sont faites par les citoyens qui sont prêts à héberger, etc."

Quant au défraiement possible ou les responsabilités des familles d’accueil, Maxime Prévot dit ne pas encore avoir de réponse mais attendre "des balises claires" de la part du gouvernement.

Energie et pouvoir d’achat

Des décisions sont à attendre dans "les prochaines heures" sur les prix des carburants à la pompe et/ou sur ceux de l’énergie (électricité, gaz, mazout). Un kern consacré à l’énergie est d’ailleurs prévu ce lundi en fin d’après-midi.

De son côté, le député fédéral dans l’opposition a plusieurs propositions. "Pour les trois mois qui viennent, au vu de la flambée des prix du gaz, du mazout, du carburant à la pompe, il faut un bouquet de mesures. Il faut le cliquet inversé, il faut diminuer drastiquement ce que l’Europe permet de faire au niveau des accises, il faut en parallèle baisser la TVA."

Maxime Prévot reconnaît toutefois qu’aucune d’entre elles n’offre une solution parfaite. "On sait très bien qu’en baissant la TVA, on va nous rétorquer que certaines personnes qui ont de larges revenus et qui n’ont pas de difficultés financières vont aussi bénéficier de cette diminution de TVA. C’est vrai mais l’enjeu, c’est surtout d’en faire bénéficier qui ont plus de difficultés financières. Nous voulons aussi élargir le tarif social pour intégrer beaucoup plus la classe moyenne. […] Et enfin, nous proposons une prime de 300 euros agrémentés de 100 euros complémentaires par enfant à charge pour donner de la respiration."

Nucléaire

Pour Maxime Prévot, on doit faire en sorte que la Belgique soit la nation qui, le plus rapidement possible, ne soit plus dépendante des énergies fossiles. "Ce que nous voulons, c’est considérer le nucléaire comme un allié dans cette volonté d’avoir une société décarbonée. Depuis longtemps, nous considérons que le nucléaire devrait faire l’objet d’une prolongation de deux réacteurs, à nouveau pour éviter la flambée des prix, – on le voit dans le contexte ukrainien – pour garder un minimum de souveraineté énergétique et réduire notre dépendance à d’autres."

"Croire qu’on va pouvoir faire en sorte de répondre à toute la demande en électricité uniquement avec de l’éolien et du photovoltaïque, c’est se mettre le doigt dans l’œil, a fortiori avec l’électrification accrue du parc automobile qui va arriver. Donc on doit garder ce cocktail énergétique."

Les Engagés

Le centre démocrate humaniste, parti centriste présidé par Maxime Prévot, a bouclé sa mue samedi, en adoptant un nouveau nom, "Les Engagés", une nouvelle couleur, le turquoise, et un projet centré sur le concept de "régénération".

A la question "pourquoi ce changement ?", Maxime Prévot répond qu’il a la "conviction profonde que les partis politiques traditionnels en Belgique sont complètement en obsolescence programmée".

"On a eu un coup de pied aux fesses en 2019 avec un résultat électoral qui nous a quelque part amenés à en tirer les conclusions, à respecter ce que les électeurs nous ont donné comme message et à faire en sorte de nous réinventer. […] Et la volonté, c’est de quitter cette posture du parti qui défend des héritages du passé pour pouvoir incarner l’avenir."

Mais que veut dire "quitter cette posture du parti" exactement ? "C’est de quitter cette structure verticale qui existe aujourd’hui dans les partis traditionnels, avec des présidents de partis qui ont trop de pouvoir mais qui ne l’utilisent pas toujours à bon escient", explique Maxime Prévot.

"Les nouveaux statuts que nous proposons et qui accompagnent ce nouveau projet prévoient aussi une approche beaucoup plus horizontale. C’est ce qui fait que nous quittons cette approche de parti pour être davantage un mouvement participatif", conclut-il.

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