Economie

Les NFT expliqués aux "moldus" : comment fonctionnent ces singuliers certificats d’objets numériques ?

Les NFT, "non fongible token", sont des sortes de certificats de propriété en ligne.

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:-) Trois petits signes sur votre clavier qui valent à l’heure d’écrire ces lignes… 10.000 dollars. Et ce n’est pas fini puisqu’ils sont mis aux enchères jusqu’au 20 septembre 2021 par la maison de vente américaine Heritage Auctions. Mais comment un smiley utilisé tous les jours par une bonne partie de l’humanité (59,5% à en croire ce rapport), peut être vendu ? Non seulement, il n’est pas palpable mais en plus il est reproductible à l’infini. :-) :-) :-) :-) :-)

Si cette vente est possible, c’est grâce au système des NFT. Ce n’est pas la première fois que la rédaction web de la RTBF vous en parle. Il y a déjà eu des séquences de matches de basket vendus de la sorte ou des œuvres d’art. Même les moines bouddhistes s’y sont mis pour vendre des amulettes virtuelles.

À chaque fois, on vous dit que NFT signifie "non-fongible token", pour "jeton non fongible", une unité irremplaçable qui fait office de certificat d'authentification numérique basé sur la cryptomonnaie et la blockchain.

:-D

Vous n’avez pas compris ? C’est que vous avez davantage l’habitude de vivre dans la "real life" où les choses sont bien palpables. On reprend donc depuis le début avec des mots de la "vraie vie" comme métaphore dans ce monde sans dimension.

Les NFT reposent sur deux technologies : la cryptographie et la blockchain.

O_o

La cryptographie, c’est le chiffre qui se trouve sur la pièce de monnaie. Si on ne sait pas qu’une barre avec une petite ligne en haut à gauche (1) vaut un, on ne sait pas les lire. On doit donc apprendre le code pour pouvoir les dé-chiffrer (comme le mot l’indique si bien). Sans connaître la signification de chaque sigle (1, 2, 3, 4, 5…), on ne sait pas les lire. Il faut donc une clé pour accéder aux données.

À l’image des tout premiers codes de comptages utilisés par les Assyriens et les Sumériens en Mésopotamie, il faut une clé de décryptage pour accéder aux données cryptographiées.
À l’image des tout premiers codes de comptages utilisés par les Assyriens et les Sumériens en Mésopotamie, il faut une clé de décryptage pour accéder aux données cryptographiées. © Getty images

La blockchain, c’est une sorte de grand livre de comptes géré collectivement écrit grâce à la cryptographie. Grosso modo, quand quelqu’un écrit une ligne dans ce répertoire, il peut générer de l’argent. C’est la cryptomonnaie comme le bitcoin ou l’ethereum, l’équivalent d’une bonne vieille pièce sonnante et trébuchante. Qu’elle ait été frappée en 2002 ou aujourd’hui, elle a la valeur du cours actuel. La pièce est interchangeable. Et on peut dire que le cours des cryptomonnaies se porte plutôt bien. Par exemple un bitcoin vaut aujourd’hui 38.893,33 euros (il n’en valait encore que 3500 euros il y a 4 ans). Et ce, qu’il ait été généré en 2017 ou aujourd’hui.

$-)

Sur ce même principe de blockchain, il est possible de créer des pièces qui ne sont pas interchangeables. Chacune est unique. Ce sont les fameux "jetons non fongibles", les "non fongible token". On y est : les NFT. Ils s’apparentent donc à un certificat unique relié à une œuvre. Ces NFT peuvent prendre n’importe quelle forme.

Ainsi, parmi les premiers NFT, on retrouve de petits chats virtuels, les cryptokitties. Oui, oui. Tout comme votre matou qui ronronne sur vos genoux, chaque poupousse est unique. Mais ici pas de loi interdisant leur vente. Que du contraire, c’est pour cela qu’ils ont été créés. Vous pouvez donc en acheter un pour le revendre plus cher plus tard. D’en créer un à partir de deux autres, toujours via ce mode de reproduction qu’est la blockchain. Bref, une bonne vieille spéculation aux allures de mignons petits chatons.

^^

On retrouve aussi ces objets rares dans les jeux vidéo. Tel le roi Arthur avec son unique Excalibur, les joueurs peuvent acheter une armure pour leur personnage virtuel qui n’existe qu’à un seul exemplaire.

Mais pas besoin d’être "gamer" pour être intéressé par l’achat de biens uniques sur les jeux vidéo. Par exemple, The Sandbox propose à ses joueurs de visiter et construire différentes parcelles de terrain. Mais pour pouvoir construire, une publicité par exemple, sur une parcelle, il faut en être le propriétaire. L’acte de propriété ? Un NFT. Les notaires n’ont qu’à bien se tenir.

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C’est ainsi que l’œuvre devenue célèbre de Beeple a été vendue 6,6 millions de dollars en février dernier. Mais l’œuvre n’est pas un NFT en lui-même. C’est l’artiste qui a décidé de créer un NFT relié à l’œuvre. Il n’existe donc qu’un seul "certificat d’authenticité" (NFT) dans le monde des blockchains qui permette de remonter du NFT au dessin. L’artiste pourrait très bien décider d’en créer d’autres. Mais plus il en crée, moins les NFT ont de la valeur.

Tout comme le marché de l’art, la valeur du NFT peut donc baisser ou augmenter en fonction de son appréciation. Sauf qu’ici tout est en ligne.

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Ce sera pareil pour nos "smiley" et "frowny" qui ont été créés par un informaticien en 1982. À l’époque, Scott Fahlman voulait trouver un moyen de faire comprendre à son interlocuteur à qui il écrivait en ligne si le ton de sa phrase était ironique ou non. Si c’était une blague, il accompagnait sa phrase de :-). S’il était sérieux, il faisait suivre son propos de :-(. Qui aurait cru que cet "objet numérique" serait mis en vente un jour grâce aux NFT ?

Reste à faire pareil avec cet article. :-)

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