Les maux bleus : Griezmann et les leaders fantomatiques, une attaque en berne, le sorcier Deschamps qui tâtonne

Des cadres en méforme, le sorcier Deschamps qui tâtonne : ces Bleus ont le spleen

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"C’est fini l’euphorie de l’après Coupe du monde." C’est dépité, presque blasé, qu’Hugo Lloris s’est présenté à l’interview samedi soir après le partage de la France en Ukraine (1-1). Une sortie, emplie de franchise et de dépit, dont le placide capitaine des Bleus n’est évidemment pas coutumier. Le voir ainsi sortir de son habituelle réserve pour mettre le doigt sur ce qui ne va pas, illustre finalement les difficultés actuelles de l’équipe de France.

“C’est fini cette période où on sentait qu’on pouvait faire basculer les résultats en notre faveur à tout moment. On avait une vague d’euphorie et ça s’est un peu cassé” a-t-il enchaîné, au micro de la chaîne L’équipe.

Une vague d’euphorie collective, sur laquelle les Bleus surfaient depuis le Mondial 2018, qui leur permettait de renverser les situations les plus mal embarquées et de ne considérer leurs rares défaites que comme des accrocs insignifiants dans leur ruée vers l’or.

Depuis le séisme suisse du 28 juin dernier, ce doux sentiment d’euphorie n’existe plus. Peut-être trop présomptueux, peut-être trop sûrs de leurs forces, les Bleus sont redescendus de leur petit nuage. Et comme beaucoup d’autres nations avant eux (dont les Belges), ils ont réappris à savourer le goût d’une simple victoire.

Mais de victoire, il n’est cependant plus question depuis quelque temps côté français. Parce que ces doutes, qui avaient fait leur funeste apparition ce soir-là à la National Arena, hantent désormais les esprits français. Et les font déjouer. Ce partage contre l’Ukraine, c’est le 5e consécutif des Bleus. Une triste première dans toute l’histoire de l’équipe de France.

Olivier Giroud, Anthony Martial : quand Deschamps brouille sa comm'

Didier Deschamps, coach de l'équipe de France.

Comment expliquer cette longue période de disette ? Comment expliquer qu’un tel groupe, qui dégouline de talent, traîne son spleen et ne parvienne plus à dominer (au propre comme au figuré) des nations comme la Bosnie ou l’Ukraine ?

Forcément (et c’est logique), c’est le principal architecte, Didier Deschamps, qui est voué aux gémonies. Lui, qui avait multiplié les bons choix au Mondial 2018, et qui s’entête désormais à chercher la bonne formule, quitte à désarticuler une équipe qui avait pourtant trouvé son rythme de croisière.

Sa gestion des "cas" Anthony Martial et Olivier Giroud pose question Outre-Quiévrain. Quand le Mancunien "pétait des flammes" à Monaco puis à ses débuts à Manchester United, il n’était plus sélectionné. Au même moment, Giroud, qui n’avait droit qu’à des miettes à Chelsea était le titulaire indiscutable. Aujourd’hui… alors que Martial n’est plus que l’ombre de lui-même à Old Trafford (4 buts en Premier League depuis… septembre 2020) et Giroud connaît des débuts pétaradants à l’AC Milan (2 buts en 2 matches), la situation s’est inversée. Giroud est laissé à la maison alors que Martial est propulsé titulaire.

Tactiquement aussi, les ajustements à répétition du sorcier Deschamps commencent à lasser. Alors qu’il misait, avec un certain succès, sur ce 4-2-3-1 qui avait fait ses preuves, il a bizarrement changé son fusil d’épaule. Quitte à parfois modifier sa mise en place tactique… plusieurs fois dans le même match. Au total ces derniers mois, les Bleus ont oscillé entre un 4-2-3-1 et un 4-3-3 en passant par un 4-4-2 avec deux attaquants et un improbable 3-5-2... en première mi-temps contre la Suisse.

Pointé du doigt, le clan Deschamps vacille, même si le principal intéressé se dit "calme et relax", en d’autres termes hermétique aux critiques. Mais dans la presse française, certains médias annoncent que le coach aurait perdu le soutien de son groupe. Le fantôme de Zinédine Zidane, libre comme l’air depuis quelques semaines, commencerait-il à hanter les esprits ? L’avenir nous le dira.

Griezmann taulier fantomatique, Kimpembe roc devenu beaucoup trop franchissable

Griezmann taulier fantomatique, Kimpembe roc devenu beaucoup trop franchissable

Mais, soyons honnêtes, tirer uniquement sur l’ambulance Deschamps serait oublier un peu trop vite les prestations franchement décevantes de certains cadres. Antoine Griezmann, par exemple. Fidèle parmi les fidèles depuis le début de l’ère Deschamps, l’ex Catalan disputait son 54e match consécutif avec les Bleus. 90 minutes lors desquelles il a erré tel une âme en perdition, enchaînant les appels dans le vide sur la pelouse ukrainienne.

Autre exemple, Presnel Kimpembé, qu’on couvrait pourtant d’éloges et appelé à prendre la relève du boitillant Samuel Umtiti en défense centrale, n’a plus rien du roc qu’il était il y a encore quelques mois. Sa prestation calamiteuse face au vivace Andriy Yarmolenko est l’illustration d’un défenseur qui doute.

Bref, les Bleus sont en plein doute. Et voir Aurélien Tchouaméni, pourtant parfait novice avec les Bleus, être le seul à tenter de secouer le cocotier en Ukraine n'est en rien un gage de sécurité. Alors, le déclic viendra-t-il ce mardi contre la Finlande ? Peut-être. Dans le cas contraire, Deschamps pourrait encore davantage sentir le souffle de la pression dans son cou. Et lentement songer à faire ses cartons ?

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