Les masques anti-pollution pour cyclistes sont-ils efficaces?

Un cycliste rue Belliard à Bruxelles portant un masque antipollution

© BELGA

Par Claire Huysegoms

Dans toutes les grandes villes et dans la capitale de la Belgique particulièrement, la pollution de l’air incite certains cyclistes à porter des masques. Sont-ils vraiment efficaces? Et dans lesquels peut-on avoir confiance?

Afin d'être un peu guidé dans la jungle des masques anti-pollution, des normes européennes existent. Elles s'intitulent les FFP (Filtering Facepiece Particles) :

  • FFP1 : filtration d’au moins 78% des particules en suspension. Protection contre les poussières fines : soufre, charbon, pollens, zinc, laine de verre, etc.
  • FFP2 : filtration d’au moins 92% des particules en suspension. Protection contre les particules fines toxiques comme des substances chimiques en poudre, ou des virus comme la grippe aviaire ou la tuberculose.
  • FFP3 : filtration d’au moins 98% des particules en suspension. Protection contre les particules les plus fines telles que l’amiante, le plomb, les fibres céramiques et la projection de béton, etc. 

Toute la question est de savoir quels masques protègent les citoyens confrontés aux particules fines.

Malgré ces normes strictes, les avis divergent

De la fumée provenant de la centrale électrique à gaz de Drogenbos.

Selon le pneumologue Charles Pilette de l’UCL, "La plupart des masques ne protègent pas des particules. Il faut bien veiller à choisir un masque FFP2 ou FFP3 afin de filtrer des particules plus fines."

Pour certains, les masques à particules ne sont pas du tout efficaces pour lutter contre la pollution de l’air. "Aucun masque n'est performant pour tous les types de particules polluantes. Nous conseillons plutôt aux cyclistes d'emprunter les trajets séparés du trafic en cas de pic de pollution et de modérer leurs efforts.", déclare Aurélie Willems, secrétaire générale de l’asbl GRACQ.

Selon Lucas Demuelenaere, membre du collectif BruxselAIR, porter ce type de masque serait plus dangereux pour la santé que de ne pas en porter, "Les masques arrêtent les particules les plus grossières, mais forcent à respirer plus profondément, ce qui fait entrer les particules fines plus profondément dans les poumons.".

Conseils pratiques

Des cyclistes au « Gordelfestival », à Sint-Pieters-Leeuw, septembre 2017.

Si vous décidez de porter un masque en faisant du vélo, il est important de veiller à ce que votre choix se porte vers un masque collant bien à votre visage. Cela permet d’éviter que l’air non filtré entre dans votre masque.

Dans cette même optique, il est préférable pour les cyclistes portant la barbe, de ne pas acheter de masque anti-pollution. Ceux-ci ne serviront pas à grand-chose.

A savoir également, les masques chirurgicaux ne protègent pas des particules fines.

Faire du vélo à Bruxelles est-il dangereux pour la santé ?

Journée sans voiture 2016

A cette question épineuse, la secrétaire générale du GRACQ répond de manière claire : "Faire du vélo, même en cas de pic de pollution, reste bénéfique pour la santé. La pollution de l'air touche tous les citoyens, et pas uniquement les cyclistes.". En effet, selon l'étude ExpAIR, Bruxelles-environnement 2017, un automobiliste bruxellois est plus exposé à la pollution de l'air dans sa voiture que ne le sont les piétons, cyclistes ou usagers des transports en commun.

Aurélie Willems ajoute ceci : "Le vélo reste une des seules manières de se déplacer "Zéro émission"."

Pour Lucas Demuelenaere, membre du collectif BruxselAIR, "Offrir des infrastructures adéquates aux cyclistes est aussi un des points sur lesquels il faudrait agir."

Réduire les causes plutôt que de tenter de traiter les symptômes

"Le port ou non du masque anti-pollution n’est que l’iceberg d’un débat plus fondamental: la qualité de l’air."

Que faire lorsque l'on est cycliste à Bruxelles ou dans une grande ville et que l'on souhaite tout de même protéger sa santé? Personne ne semble avoir de solution magique. Le GRACQ pointe cependant une piste de réflexion: "L’omniprésence de la voiture à Bruxelles reste le principal frein à l’utilisation du vélo, ainsi que l’a démontré le thermomètre cycliste 2017: trafic trop dense, mauvaise qualité de l’air, manque de place, sentiment d’insécurité…"

Selon les résultats de l'étude ExpAIR, Bruxelles-environnement 2017, un automobiliste bruxellois est plus exposé à la pollution de l'air dans sa voiture que ne le sont les piétons, cyclistes ou usagers des transports en commun.

Finalement, comme le dit Florence Le Cocq de l’asbl Pro Velo, "Le port ou non du masque anti-pollution n’est que l’iceberg d’un débat plus fondamental: la qualité de l’air."

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