Les marchés alimentaires, les oubliés du déconfinement?

Les marchands n'ont pas obtenu de réponses ce vendredi soir.

© NICOLAS MAETERLINCK - BELGA

Par K. F.

Les marchés ont-ils été oubliés dans les annonces de vendredi soir organisant le déconfinement progressif de la Belgique? Certains professionnels, qui espéraient leur retour, le croient. Laurent Nys, directeur du marché matinal de Bruxelles avait pourtant diffusé une carte blanche sur le site internet de la RTBF dès jeudi, en prévision de la conférence de presse de la Première ministre Sophie Wilmès (MR). Il insistait sur le poids économique de ce secteur. Pour rappel, les marchés ne sont plus organisés depuis la mi-mars dans notre pays. 

La saison des produits frais, c’est maintenant

Ce samedi matin, Laurent Nys, très inquiet, réagit: "A la suite de la conférence de presse, on peut s’étonner de l’absence de réponse claire. Cette catégorie professionnelle qui regroupe plus de 6000 sociétés, près de 20.000 acteurs, est dans l’attente. La fragilité saisonnière de ces métiers est importante, et prive les exploitants de fonds de réserve. De plus la saison des produits frais, c’est maintenant."

Laurent Nys précise: "On a tenu compte de cela pour les pépiniéristes, je pense que pour les maraîchers il convient de le faire également. L’esprit des règles édictées pour sortir du confinement ne peut qu’englober les marchés dans le volet "ouverture des commerces". J’en suis certain. Il ne peut en être autrement. Imaginez l’ouverture de la rue Neuve et des principaux shoppings tels que Dockx ou City 2 et en même temps interdire les marchés?"

Laurent Nys, directeur du marché matinal de Bruxelles.
Laurent Nys, directeur du marché matinal de Bruxelles. © MABRU

Le Centre de crise que nous avons contacté ce samedi ne peut apporter de réponse plus précise suite aux déclarations de la Première ministre. "Les marchés constituent des regroupements de personnes", rappelle-t-on. Ceci étant, les marchés pourraient être intégrés dans la phase 1-B du déconfinement, d'application dès le 11 mai.

Que dit celle-ci? "Cette phase permettra de rouvrir tous les commerces, en même temps, sans discrimination de taille et de secteur, laissant ainsi à chacun les mêmes chances de réussite. Cette réouverture s’envisagera impérativement sous conditions. Celles-ci seront définies en concertation avec les secteurs et les partenaires sociaux. Elles seront de trois natures: l’organisation du travail, l’accueil des clients, la limitation de l’accès aux commerces pour éviter les effets de foule."

Un parcours entre les étals, contrôles aux entrées

La Ville de Bruxelles organise une demi-douzaine de marchés hebdomadaires sur son territoire drainant des foules importantes. L'échevin du Commerce, Fabian Maingain (DéFI) dispose toutefois d'un plan propre à chacun de ses marchés pour organiser leur réouverture. "Nous sommes prêts, ne manque plus que le feu vert des autorités", nous explique Fabian Maingain. "Quelques heures, voire quelques jours après les annonces du gouvernement fédéral, des précisions par secteur sont apportées. Nous verrons. En tout cas, je plaide pour la réouverture des marchés" avec mise en place d'un cadre.

Maraîchers : des volontaires pour travailler aux champs

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Lequel? La Ville a par exemple imaginé de clôturer ses marchés, à l'aide de barrières Nadar et d'organiser les entrées et les sorties des chalands "avec présence de stewards" pour le contrôle. "Cela permet d'organiser et d'assurer la distanciation sociale. Nous prévoyons également un parcours permettant d'aller d'étal en étal", ajoute Fabian Maingain qui dit s'être inspiré du modèle français, qui autorise la tenue des marchés dans des circonstances très précises

Tous les maraîchers ne seront pas invités à proposer leurs produits. Plusieurs formules sont possibles: une tournante (sur la journée ou par semaine), n'inviter que les maraîchers disposant d'un abonnement fixe... "Ces entrepreneurs ont besoin de travailler. On recense plus de 600 ambulants sur nos marchés. Pour eux, la situation est très difficile. Avec ceux qui font de l'alimentaire, on peut s'organiser très vite. Enfin, les marchés sont des organisations à l'air libre, ce qui facilite davantage la distanciation sociale" que dans un lieu clos.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous