Lassus utilise la polyphonie de manière à faire ressortir certains mots. Il modifie les textures, le nombre de voix, les tessitures…
Il nous donne à entendre de façon très claire et émouvante, grâce à ses métaphores, les larmes, la faute, la douleur, la fuite, la perdition, la source du salut, la négation de la vie, la crainte de la mort…
La 21e pièce est étonnante. Ce n’est plus Pierre qui s’exprime, mais le Christ. Ses mots lui reprochent sa trahison, exprime sa douleur physique et morale, ils enfoncent encore davantage Pierre dans son repentir.
Les mots du poète Luigi Tansillo embrassent la musique de Roland de Lassus. Ou est-ce la musique de Lassus qui sublime les mots du poète ?
Ensemble, ils forment une sorte de psychodrame, évoquant un chemin de croix qu’endurerait intérieurement l’apôtre Pierre.
A la surface, tout nous parle du disciple et de ses remords éternels, lui qui a renié Jésus avant sa crucifixion, par trop d’attachement à la vie terrestre, qui sera pour lui source de perdition.
Mais dans ses profondeurs, cette œuvre remue en nous des thèmes bien plus universels : la vieillesse, la perte des choses et des êtres chers, l’expérience de la honte, du regret, du pardon, de l’orgueil et l’humilité.
Nous touchons aux chutes et aux élans de l’humanité, à nos consécrations, nos écueils et nos faiblesses.