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Les kangourous sont-ils des sangliers australiens ? Un même fléau à l'autre bout du globe

© Ritzau Scanpix

Par Lucie Fagniard

L’emblème national australien a doublé en plus de 10 ans, passant ainsi de 27 millions de kangourous en 2010 à plus de 50 millions aujourd’hui. Le problème, c’est que ces marsupiaux se rapprochent des villes, s’infiltrent dans les espaces verts, les terrains de golfs ou encore, les jardins des Australiens. Certains agressent même les passants, attaquent les hommes, détruisent les cultures des habitants. 

Dans la majorité de l’Australie, c’est un climat désertique. Les kangourous qui sont alors herbivores, sont limités par la quantité de végétations qu’ils peuvent trouver. C’est dans l’arrière-pays australien que les plus gros constats se font sur cet accroissement. Les agriculteurs sont directement touchés par cette prolifération. Des hordes de kangourous viennent manger les herbes de leurs bovins, ce qui empiète sur la qualité de vie de leurs troupeaux. Les animaux sont alors moins productifs.

Nicolas Schtickzelle, professeur en école de Biologie à l’UCLouvain explique : " Pour booster les cultures et de l’élevage des bovins, l’homme irrigue de l’eau en creusant des puits, et il booste la végétation de cette manière. C’est très bien pour les vaches mais c’est également très bien pour tous les autres animaux qui sont herbivores. "

Depuis plus de 10 ans, l’homme a converti une série de zones désertiques en zones d’élevage grâce l’irrigation de leurs terres. La végétation a donc grandi, ce qui a permis aux kangourous de trouver plus de nourriture. " Les marsupiaux ont répondu comme toute espèce. À partir du moment où il y a plus de nourriture, les individus peuvent se reproduire plus rapidement, ils vont mieux survivre et ils vont augmenter en nombre " indique le professeur. 

Une prolifération qui fait référence à ce que les australiens ont déjà pu vivre au 19ème siècle. En effet, le lapin européen a été introduit en Tasmanie pour la consommation alimentaire. Pourtant leur introduction fut dévastatrice pour l'environnement détruisant les végétations qui permettaient de nourrir les autres herbivores et qui ont eu un immense impact dans la disparition d'espèces animales. 

Une solution pour réguler cette prolifération

Pour réguler cette pullulation, le gouvernement australien a donc autorisé la chasse aux kangourous. Légalement, seuls les chasseurs agrémentés peuvent les abattre d’une seule balle dans la tête. Les chasses se font généralement la nuit faisant plus d’un million et demi de kangourous tués chaque année. Les herbagers peuvent donc, à présent, faire appel à des chasseurs pour tuer les mobs (petits groupes de kangourous) sur leurs terres.

Mr Schtickzelle affirme : "Il n’y a pas beaucoup d’autres choix. Si on veut conserver, à la fois de l’élevage tel qu’il est fait avec une quantité de végétations artificiellement augmentée, il va falloir chasser les kangourous".

Mais cette solution fait parler...

La chasse est souvent mal vue par le grand public surtout en ce qui concerne des animaux aussi sympathiques que les kangourous Même si comme le précise Nicolas Schtickzelle "il n'y a pas 36 solutions". Pour contrer à cette chasse massive, énormément de pétitions existent. Certains amoureux de kangourous se rassemblent dans des groupes et prennent de l'ampleur sur les réseaux sociaux, notamment sur le fait que cette pratique permet de remplir les rayons de viande des supermarchés et d’utiliser le cuir de kangourou (la peau) pour en faire des chaussures. Cependant, l’industrie de l’agroalimentaire en achète de moins en moins grâce aux campagnes menées par les organisations de défense des animaux. 

L’équivalent en Belgique ?

Il y a quelques jours, une opération de régulation avait été menée par Natagora afin de diminuer le nombre de sangliers dans la région de Mons-Borinage, qui n’a plus de prédateurs. Les porcins de la région se multiplient de manière trop importante. Il est difficile de protéger les habitants et la circulation avoisinants.

Une similitude avec l’Australie, en effet, les kangourous et les sangliers belges sont deux espèces protégées mais qu’il faut affaiblir. Près de la réserve naturelle de porcins à Tertre, l’autoroute passe juste à côté, ce qui peut provoquer de gros accidents de la route. De l’autre côté du globe, les marsupiaux sont impliqués dans plus de 80% des collisions entre une voiture et un animal.

Un grand format a été réalisé par nos confrères de France2 lors de leur JT du 20 heure de ce dimanche 12/02/2023

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