Selon une étude du Center Disease Control and Prevention (CDC) publiée sur son site ce 31 août, il existe un lien entre le coronavirus et le fait de contracter une myocardite, une inflammation du muscle cardiaque appelé le myocarde. Ce genre d’inflammation peut entraîner une hospitalisation pour bilan et suivi médical et, dans les cas les plus graves, une insuffisance cardiaque et le décès.
L’étude du CDC, réalisée sur une base de données issues de 900 hôpitaux américains pour une période allant de janvier 2019 à mai 2021, montre que l’association entre la myocardite est le coronavirus est réelle. Or, pour bien comprendre, il faut relativiser ce risque de myocardite : il reste assez rare chez les patients, et ce, indépendamment du fait d’avoir été ou non infectés par le coronavirus. Ce que l'étude nous apprend, en revanche, c’est que ce risque augmente tout de même de près de 16 fois, en moyenne, si on a contracté le Covid-19.
+42,3% d’hospitalisations pour myocardite en 2020
Cette nouvelle étude montre qu’entre 2019 et 2020, dans les 900 hôpitaux concernés, on est passé de 3205 hospitalisations pour myocardite à 4560 en 2020. Cela correspond à une augmentation de 42,3%. Elément intéressant relevé par l’étude : les pics d’hospitalisations pour myocardite observés entre avril et mai 2020 et entre novembre 2020 et janvier 2021 correspondent au pic d’hospitalisations pour coronavirus.
En plus de cela, l’étude a essayé de comprendre le lien existant entre le coronavirus et cette inflammation cardiaque. Ainsi, les auteurs ont analysé les données relatives aux patients atteints par le Covid-19 entre mars 2020 et janvier 2021. Résultat : ceux-ci présentaient, en moyenne, 15,7 fois plus de risque de développer une myocardite par rapport aux patients qui n’avaient pas été contaminés au Covid-19. Ce risque a été calculé notamment en fonction de la classe d’âge. Le constat est interpellant.
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Chez les patients âgés de 16 à 39 ans, le risque de développer l’inflammation était 7 fois plus élevé pour ceux qui avaient contracté le coronavirus. Ce risque monte à 30 fois pour les individus âgés de plus de 75 ans et de moins de 16 ans. Aussi, l’étude affirme que parmi les patients atteints de myocardite, 41,7% avaient pour antécédent le fait d’avoir eu le coronavirus et ce, indépendamment du sexe. La plupart d’entre eux (89,6%) ont développé le coronavirus et la myocardite au cours du même mois.
Si d’autres études, l’une aux Etats-Unis, l’autre en Israël, avaient déjà montré l’association entre coronavirus et myocardite, on montre ici une augmentation de risques assez importante chez les plus jeunes. C’est là la vraie nouveauté et, comme l’admettent les auteurs de l’étude, cela nécessite des analyses plus approfondies.
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Pour expliquer cette donnée, les chercheurs émettent une hypothèse : selon eux, "cette découverte pourrait s’expliquer en partie par des différences liées à l’âge dans la détermination des cas de Covid-19, puisque les jeunes adultes atteints d’une forme plus légère de la maladie pourraient être moins susceptibles que les adultes plus âgés de recevoir un diagnostic de coronavirus." Ils estiment dès lors que cette classification d’âge pourrait biaiser les facteurs de risque et, en partie, expliquer ces différences de classe d’âge.
De l’autre côté de l’Atlantique, et plus particulièrement chez nous, les constats de l’étude américaine sont similaires à ceux du terrain en matière de myocardite chez l’enfant. "Les résultats de l’étude correspondent à nos observations cliniques en Belgique. L’augmentation de risques liés à la myocardite en lien avec le coronavirus est significative", explique le Pr. Stéphane Moniotte, Chef de département de Pédiatrie aux Cliniques universitaires Saint-Luc (UCLouvain), Vice-président de l’Académie de Pédiatrie et spécialiste en cardiologie pédiatrique.