Benoit Bories nous emmène à Montpellier, dans trois quartiers qui ont été ou sont toujours occupés par la communauté gitane, une communauté sédentaire d’origine catalane dont les premiers habitants se sont installés en 1956.
Entre la mémoire du quartier des Barques dont il ne reste que les évocations ou des fantômes de sons, et le présent des quartiers de Montauberou et des Marelles, c’est toute la question de la place des gitans dans la société et plus particulièrement à Montpellier qui se pose : entre joie de la communauté et enfermement communautaire, la question de l’éducation des enfants, le rôle central des femmes, des mères, et de celles qu’on appelle 'les jayes', autrement dit les grands-mères gitanes.
Pour accompagner les témoignages, les chants, les voix, les sons enregistrés sur place par Benoît Bories se déplacent en vagues et deviennent musique. Une musique acousmatique qui fait resurgir les images du passé pour les mêler avec les sons du présent.
"Les Barques, c'est un quartier de Montpellier réduit seulement aux rues des Barques et des Gabarres. Noyées derrière les immeubles récents du projet immobilier Port Marianne, les quelques pavillons restant de l'époque des années trente ont du mal à subsister. En se promenant dans les deux rues, le contraste est saisissant.
D'un côté, on longe des maisons pavillonnaires à un étage construites sans permis de construire à l'époque. Des jardins avec de petits potagers offrent le décor de premier plan et les habitants ne sont pas difficiles à rencontrer lorsque l’on veut s'arrêter un temps discuter.
De l'autre, des résidences modernes avec plusieurs sas d'entrée forment des habitats où rien n'appelle à la flânerie. Le neuf et l'ancien, le collectif et l'individuel se côtoient sans se rencontrer.
De cet agencement, il est difficile de tomber par hasard sur le quartier des Barques. En voiture ou à pied, ces deux rues sont quasiment impossibles à discerner tant le regard est happé par la succession des résidences.