Sciences et Techno

Les guichets numériques, l’enfer administratif pour certains citoyens, dénoncent 200 associations

Moins d’autonomie dans les démarches administratives, de moins en moins de gens qui recourent à leurs droits sociaux, des associations submergées de demande d’accompagnement informatique… les guichets numériques proposés par les différentes administrations sont difficilement accessibles pour toute une partie du public et cela retombe sur les travailleurs sociaux qui demandent à rouvrir les guichets physiques.

Les gens ont besoin d’un rapport humain

"Ils ont besoin d’avoir une personne en face d’eux", explique Iria Galván. Elle est responsable de projet au service étude de Lire et Ecrire Bruxelles. "Face à une personne, ils peuvent amener la lettre qu’ils ont reçue et qu’ils n’ont pas comprise, ils peuvent parler tranquillement, ce n’est pas un téléphone, ils peuvent se faire accompagner d’un proche qui est lettré, qui parle mieux la langue, qui se débrouille mieux. Il y a plein de raisons pour lesquelles les guichets sont encore importants aujourd’hui."

Lire et écrire signe une carte blanche avec 200 associations pour "dire non à l’ordonnance numérique bruxelloise". Ce texte doit accélérer la mise en ligne de tous les services au public et faire du digital le premier canal de communication entre toutes les administrations, donc le public et le citoyen.

Ces associations ne se prononcent pas contre le numérique mais demandent que ce ne soit pas le seul canal de communication possible. Une délégation a été reçue par le politique cette semaine pour faire part de ses signaux d’alarme. "Une bonne partie des signataires de cette lettre sont des acteurs de l’inclusion numérique à Bruxelles, donc on n’est pas contre, bien évidemment, mais on est pour l’accès aux guichets, pour l’accès aux droits pour les personnes qui sont en difficulté avec le numérique."

Deux Bruxellois sur cinq concernés

Deux Bruxellois sur cinq sont ainsi fragilisés face à l’usage des technologies numériques, en ce compris, même des jeunes. Iria Galván repère trois types de profils. "Beaucoup de personnes ont un smartphone (et pas d’ordinateur, ndlr), mais ce n’est pas facile d’accéder à certaines démarches avec un téléphone. Certaines personnes n’ont pas les compétences pour le faire. Et d’autres personnes ont aussi des difficultés avec l’écrit, la langue, donc même si vous savez entrer sur une page web, vous ne pouvez pas bien lire, bien comprendre les formulaires, les remplir, etc.

Et cela a des conséquences sur l’autonomie de ces citoyens. "Les personnes âgées et les personnes en difficulté avec l’écrit demandent de l’aide à des proches, et donc ils deviennent de moins en moins autonomes pour faire les démarches seuls, comme ils le faisaient avant, ou ils demandent de l’aide aux associations. Mais quand les personnes n’ont pas envie de demander de l’aide, quand les associations reçoivent une demande et que c’est déjà presque trop tard ou trop compliqué, les personnes se découragent souvent et ne demandent finalement pas les droits auxquels elles ont accès."

Les travailleurs sociaux se transforment ainsi en assistant administratif alors que ce n’est ni votre formation ni le but et l’objectif de leur association. "Je travaille à Lire et Écrire, explique Iria Galván. Et on se retrouve à demander un rendez-vous en ligne pour une personne, à faire des virements bancaires, mais aussi la déclaration d’impôts, à inscrire les enfants à l’école, etc. On fait toute une panoplie de tâches pour lesquelles on n’est non seulement pas compétents, parce qu’on n’est pas fiscalistes ou réceptionnistes, mais qu’on n’est pas censés faire non plus."

On a plein d’informations très personnelles des personnes

"Ce qui se passe, c’est qu’on a finalement plein d’informations très personnelles des personnes. Ils nous donnent leur code PIN, ils nous donnent leur carte bancaire, ils nous donnent plein d’informations. Donc, bien évidemment, on essaye de traiter tout ça avec une déontologie et une éthique, mais c’est très complexe." Une réalité qui concerne Bruxelles mais le reste de la Belgique aussi.

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