Intimidation
L’explosion de la nuit de dimanche à lundi semblerait quant à elle être en lien avec les cartels de la drogue, mais le parquet n’a pas encore confirmé cette affirmation.
Pour Niels Duquet, chercheur spécialisé dans le trafic d'arme à la Flemish Peace Institute, il existe un lien très clair entre trafic de drogues et d'armes. "Il y a une concurrence incroyable qui s'opère entre ces différents groupes criminels liés à la drogue. Ils ont besoin d'armes à feu pour se protéger", explique-t-il.
"Avant c'était des pistolets ou des Kalashnikov. Maintenant, on remarque une nouvelle étape dans l'escalade de la violence avec l'utilisation des grenades, un moyen pour eux d'intimider les concurrents et de montrer de quoi ils sont capables", poursuit-il.
Conflit commercial
Alors que la plupart des explosions de grenades sont en lien avec le monde de la drogue, deux incidents survenus en juillet dernier sembleraient concerner le domaine de l’horeca.
Une grenade avait été jetée dans le restaurant Grand Café, un restaurant pop-up dans le château du parc Den Brandt. Elle n’a pas explosé, mais un incendie a été bouté le même jour dans le restaurant végétarien Murni situé dans les remises de ce château. Deux jours plus tard, une nouvelle grenade a été de nouveau lancée dans le restaurant Grand Café pour finalement exploser.
Cette fois-ci, le point commun entre les deux incidents est que les deux établissements appartiennent à la même personne : Wim Van der Borght. L’homme d’affaires de 49 ans est un phénomène dans le secteur de l’horeca. Il gère de très nombreux restaurants et discothèques dans la ville anversoise et est même à la tête de festivals tels que Fire Is Gold (anciennement Laundry Day).
De la vie nocturne à la drogue, il n’y a qu’un pas. Le lien avec le milieu de la drogue est donc facilement établi. Même si le parquet garde toutes les options ouvertes, une source proche de l’enquête indique que l’on analyse d’abord un conflit commercial selon le quotidien De Morgen.
Il est en désaccord avec son ancien associé Eddy Roothaert. Dans une interview à la Gazet van Antwerpen en février, Wim Van der Borght a qualifié ce dernier de gangster, qui "était parti avec des centaines de milliers d’euros". Entre-temps, une procédure judiciaire est en cours entre les anciens associés.
Depuis cette affaire, trois restaurants de Van der Borght ont demandé la protection contre les créanciers qui ont exigé un demi-million d’euros. Des concurrents de ces restaurants veulent-ils peut-être attirer l’attention de la police ou du fisc ? Ou alors ternir la réputation de ces établissements ? La police et le parquet restent en tout cas de marbre.
Interrogé par la RTBF, l’homme d’affaires Wim Van der Borght, a refusé de s’exprimer "dans l’intérêt de l’enquête menée par le parquet".