Il y a encore quelques années, les Golden Globes c’était la cérémonie du faste et du glamour, du red carpet et des stars aux tenues plus improbables les unes que les autres. Aujourd’hui, les Golden Globes riment plus avec controverse, boycott, accusation de racisme et de sexisme. Ce n’est pas la première cérémonie à s’en prendre plein la tronche. Mais là on dirait que rien ne peut évider le naufrage : ils ont perdu leur distributeur, se font lyncher par les artistes, et se sont fait lâcher par des grands studios comme Netflix, Amazon ou encore Warner Bros.
Depuis la déflagration du #metoo et des affaires comme l’affaire Weinstein, les artistes sont aussi des militants et ils n’hésitent plus à dénoncer des procédures opaques, de la corruption, du racisme ou encore du sexisme. Et les cérémonies qu’on croyait intouchables comme les Césars, les Grammy etc. En prennent désormais pour leur grade.
La cérémonie des Golden Globes aura lieu ce dimanche, coûte que coûte mais ce sera sans public et sans retransmission à la télévision. En attendant un vrai changement ? Pas si sûr…
La polémique
L’Association de la presse étrangère de Hollywood (HFPA), qui constitue le jury de ces prix, est la cible depuis des mois d’accusations de racisme, de sexisme, de harcèlement et de corruption. La soirée de gala des Golden Globes ouvrait traditionnellement la saison des prix cinématographiques et était courue par le gratin d’Hollywood. Mais cette année, les stars sont aux abonnés absents et la chaîne de télévision NBC a renoncé à diffuser la cérémonie.
Ça fait des années que les accusations de corruption et d’opacité quant aux procédures de sélection des nominés se multiplient.
Il faut dire que le jury des Goldens Globes c’est 105 personnes, tous des journalistes internationaux, et on ne sait rien de leur méthode. 105 personnes c’est peu. En comparaison, les oscars c’est 9000 personnes, les Césars c’est 4363. Des nombres plus importants qui laissent moins de place à la corruption et plus de place à la diversité des choix.
Les accusations ont commencé a vraiment enflé lorsqu’une journaliste norvégienne a porté plainte après s’être vu refuser à deux reprises l’adhésion en tant que jury alors qu’elle répondait aux critères. Elle a pointé du doigt une organisation corrompue d’une poignée de journalistes qui souhaitait conserver ses privilèges.
Mais de quels privilèges parle-t-on ?
Et bien, d’invitations aux quatre coins du globe, dans des hôtels luxueux etc.
Une enquête du LA Times a, par exemple, révélé que dans le sillage de la précédente cérémonie, la série Emily in Paris, pourtant critiquée par les spécialistes, avait été nommée deux fois pour les Golden Globes (au détriment d’autres séries encensées par la critique). Or une trentaine de membres auraient été invités par la production de la série à un voyage très luxueux à Paris. Nuits à plus de 1000 euros dans un palace parisien, privatisation de musées historiques etc.
Depuis maintenant près de 80 ans, la cérémonie des Golden Globes fait l’objet de critiques. Les célébrités n’ont pas hésité, à de nombreuses reprises à y aller de leurs petites piques voire de leur coup de semonce. Mais jusqu’à présent, la cérémonie ne voulait pas changer de méthode.
Manque de diversité
Au-delà des accusations de corruption, c’est aussi le manque de diversité au sein du panel de jurys qui est pointé du doigt. Le fait qu’aucun membre du jury ne soit noir ou encore qu’il y ait si peu de femmes ne passe plus.
Face aux critiques, les Golden Globes ont bien tenté de se racheter. Ils ont ajouté 21 membres à leur panel de jury dont 6 personnes noires. Ils ont aussi banni les cadeaux et autres "privilèges".
Mais trop peu, trop tard diront certains.
La fin des Golden Globes ?
L’avenir des Golden Globes paraît incertain. Plus d’une centaine de publicistes avaient écrit à la HFPA en mars dernier pour lui demander de mettre un terme à "des comportements discriminatoires et non professionnels, des manquements éthiques et des accusations de corruption". Devant le scandale, l’organisation a rapidement annoncé une série de réformes, notamment un recrutement sans précédent de nouveaux membres pour améliorer la représentation des minorités en son sein.
Mais des critiques, comme les stars Scarlett Johansson et Mark Ruffalo ont publiquement dénoncé ces réformes jugées insuffisantes. Scarlett Johansson avait par exemple dénoncé des conférences de presse où les questions étaient sexistes voire frisaient parfois le harcèlement sexuel. Tom Cruise lui a été jusqu’à renvoyer à l’organisation ses trois Golden Globes en signe de protestation.
Des grands studios comme Warner Bros, Netflix et Amazon ont dans la foulée fait savoir qu’ils ne travailleraient plus avec la HFPA tant que des changements significatifs n’auraient pas été mis en œuvre.
La chaîne NBC a quant elle expliqué qu’elle ne diffuserait pas la cérémonie comme c’est le cas d’habitude expliquant que la mise en place de réforme de fond prenait du temps et qu’elle n’était pas fermée à une future diffusion, par exemple en 2023.
Cela n’empêchera pas la HFPA de procéder comme si de rien n’était à la remise de ses récompenses, dimanche dans l’habituel Beverly Hills Hotel, pour mettre en lumière "les œuvres philanthropiques" de l’association. "Au cours des 25 dernières années, la HFPA a fait don de plus de 50 millions de dollars" à diverses associations caritatives, soulignent les organisateurs dans un communiqué.
Face à cette tempête, l’organisation des Golden Globes a décidé de maintenir la cérémonie mais celle-ci se tiendra sans public évoquant la situation sanitaire et sans diffusion à la télévision.