En temps normal, le comportement d’un glacier dépend de deux facteurs : l’accumulation de neige en hiver, et la fonte de la masse de neige en été. "C’est cet équilibre qui permet aux glaciologues de connaître la perte ou le gain de masse de chaque glacier" explique Jean-Louis Tison, glaciologue et professeur à l’ULB. "Sauf qu’en 2022, ajoute-t-il, il y a eu de très faibles précipitations en hiver, donc peu d’apports de neige, et de fortes pertes en été, d’où les fontes records". Le bilan de masse, c’est-à-dire le ratio entre les quantités de précipitations en hiver et leur fonte en été, est donc cette année largement déficitaire.
La neige qui, normalement agît comme une couverture de protection pour l’été, n’a donc pas pu assurer sa fonction lorsque les températures du printemps, et surtout de l’été 2022 sont arrivées. Des températures qui ont fait exploser les thermomètres : le 25 juillet, l’Office fédéral de météorologie et de climatologie (Suisse) a annoncé que l’isotherme du 0 °C a battu le record absolu d’altitude. Il fallait désormais que cet isotherme, c’est-à-dire un ballon-sonde météorologique, s’élève à 5184 mètres pour atteindre cette température, une première depuis le 20 juillet 1995.
Les faibles précipitations de neige couplées avec les fortes températures estivales en 2022 ont donc créé une année "hors normes" selon les termes de Harry Zekollari, glaciologue Belge à l’École polytechnique fédérale de Zürich (ETH). Ce dernier estime que "les fontes des glaciers alpins que l’on a observés jusqu’à présent sont normalement celles qui se produisent au cours d’un été entier".